
Tanger sous la pluie
Scénario : Fabien Grolleau
Dessins et couleurs : Abdel de Bruxelles
Dargaud
Zorah
![]() |
Le 29 janvier 1912, Henri Matisse se rend à Tanger avec sa femme pour changer d'air. Il vient de perdre son père, il est déprimé, il cherche un nouveau souffle. Le couple s'installe à l'hôtel Villa de France, un palace sur les hauteurs de Tanger. Malheureusement, alors qu'il ambitionne de peindre la nature marocaine, il pleut sans cesse sur Tanger ; ce qui le contraint à peindre dans sa chambre 35 qui deviendra mythique pour l'histoire de l'art. En désespoir de cause, il demande un modèle. C'est ainsi qu'une dénommée Zorah, prostituée, est convoquée pour poser...
C'est à un moment qui semble hors du temps que nous convient Fabien Grolleau et Abdel de Bruxelles dans cette évocation des séjours de Matisse à Tanger. Les auteurs privilégient la petite histoire plutôt que la biographie officielle, et l'expliquent de jolie façon en préambule : Simplement, nous avons essayé de raconter ce moment à part à Tanger, un peu comme Matisse avait pu essayer de le peindre.
![]() |
Partant de là, Fabien Grolleau, au-delà du désarroi du peintre face à la pluie qui tombe sur Tanger, imagine sa rencontre avec Zorah, une jeune prostituée difficilement acceptée dans l'hôtel, à tel point que l'on alloue un local à Matisse pour éviter que la jeune femme puisse être vue par les autres clients de l'établissement.
Pendant ses longues heures de pose, le modèle raconte une légende au peintre, et insensiblement Thierry Grolleau nous fait doucement entrer dans la vie de Zorah... Entretemps, le peintre, torturé par l'angoisse de la toile blanche, aura retrouvé confiance et inspiration, et réalisé quelques belles rencontres.
![]() |
Abdel de Bruxelles adapte son dessin à l'histoire et se rapproche de celui de Matisse pour porter en images cet agréable roman graphique. Son choix de couleurs participe étroitement au dessin, faussement simple, mais qui convient bien à ce récit intime. L'auteur joue, en outre, habilement sur les lumières, comme on le constate une fois passée la pluie sur la ville, et nous balade dans les décors qui ont inspiré au peintre ses oeuvres de cette période.
Tanger sous la pluie n'est pas exempt de quelques longueurs mais nous fait partager les questionnements et sensations d'Henri Matisse et cette rencontre étonnante, un peu étrange... Un bel hommage !