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Aïda, par Sergio Gerasi (Ankama BD)

Aïda

Scénario, dessins et couleurs : Sergio Gerasi

Ankama BD

Quand les repères de la vie sont perdus

Aïda est une jeune étudiante milanaise passionnée de photo qui se cherche depuis quelques années, tiraillée entre des amies avec qui elle sent bien que leurs relations sont superficielles, et une mère divorcée de son père qu’elle considère comme tyrannique. Crise d’adolescence assurément, mais n’est-ce que ça, n’y a-t-il pas de raisons plus profondes que celle-ci ?

Jusqu’à la découverte d’un panneau publicitaire vantant la possibilité d’offrir du temps à tout un chacun, en scannant un QR code pour en savoir plus, qui va l’attirer. Et si elle suivait celui qui vient de placarder cette affiche ? Sa curiosité l’amène dans les bas-fonds de Milan où se sont réfugiés de jeunes marginaux réunis pour activerThe virus , commando artistique qui n’a pour but que de détourner la population d’un univers virtuel omniprésent pour la recentrer vers une vraie vie, telle qu'ont pu connaître les générations précédentes.

Et ce premier coup d’éclat consistant à désactiver les portables en cliquant sur le fameux QR code ne va-t-il pas être sans conséquence pour des centaines de Milanais avides de gagner du temps et finalement, privés de leurs joujoux ? Rapidement séduite par ces jeunes gens qui la changent de ses copines fadasses et de ses études qui ne l’intéressent pas plus, sans parler de sa mère qu’elle ne supporte plus, Aïda ne va pas tarder à rejoindre le groupe et multiplier les exactions. Mais jusqu’où ira-t-elle pour se fondre dans ce groupe et rejeter tous ces idéaux ?

Avec un scénario plutôt bien construit, l’auteur Sergio Gerasi aborde des sujets d’actualité à commencer par l’éveil des consciences, au travers d’Aïda son personnage principal qui va découvrir qu’elle vit depuis son adolescence dans un monde superficiel et que cette révolution culturelle est peut-être l’opportunité à saisir de changer le monde dans lequel on vit. Peut-être alors, de repasser à la réalité après s’être fait envahir par le virtuel ?

Il ne faudra pas s’arrêter au dessin semi-réaliste de Sergi Gerasi, rehaussé par des couleurs saturées, qui force le trait de son scénario jusqu’à interpeller son lectorat risquant de le déstabiliser dans un premier temps. En fait, toute la substantifique moelle réside dans une alchimie réussie entre scénario et dessin qui reste à saluer.

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Bernard Launois
27/04/2022