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Le voyageur, par Théa Rojzman, Joël Alessandra (Daniel Maghen)

Le voyageur

Scénario : Théa Rojzman
Dessins et couleurs : Joël Alessandra

Daniel Maghen

Du Louvre à la Toscane !

Le métier de gardien de musée n’a, a priori, rien de vraiment passionnant, et a fortiori quand on est cantonné dans le même secteur depuis des lustres. C’est hélas le triste sort de Patrick, chargé notamment de surveiller la Joconde, supportant à longueur de journées les explications des guides et les commentaires des spectateurs. Alors, non seulement il ne peut plus voir la Joconde en peinture, mais rien d’autre non plus. Et quand on rajoute son statut de célibataire vivant chez maman, le rejet de ses collègues qui le trouvent trop ringard, sa timidité maladive qui l’empêche d’aborder Geneviève la caissière dont il s’est entiché, voilà un funeste tableau bien dressé… Jusqu’à ce que l’incroyable, voire l’inconcevable survienne.

Voilà que notre quinquagénaire se retrouve happé dans le tableau de la Joconde et ses paysages Toscans.  Quel choc, découvrir l’environnement de Léonard de Vinci, guidé par Ginerva, la sœur de Mona Lisa alors que quelques instants plus tôt, il ne faisait que vociférer devant cette Joconde !

Où cette escapade le mènera-t-elle, comment ressortira-t-il de cet intermède qui l’extirpe d’une vie bien morose ? C’est ce que la scénariste Théa Rojzman s’emploie à faire avec talent tout au long d’un récit envoutant dont le lecteur n’aura de cesse de connaître l’épilogue. De la rencontre d’un enfant qui ressemble tant à Patrick, aux recommandations de Léonard de Vinci à son encontre, la scénariste brouille habilement les pistes entre réalité et fiction, pour mieux surprendre le lecteur.

On retrouve avec bonheur le trait réaliste du dessinateur Joël Alessandra qui aura pris la pleine mesure d’un scénario oscillant entre le XVème siècle et nos jours, notamment en marquant les périodes bleues correspondant à la vie peu palpitante du gardien de musée contrastant avec les couleurs chatoyantes d’une Toscane flamboyante.

Une mention particulière est à ajouter pour un superbe cahier graphique de l’aquarelliste Joël Alessandra, qui complète bien l’album.

 
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Bernard Launois
10/04/2023