Plein ciel
Scénario : Pierre-Roland Saint-Dizier
Dessins et couleurs : Mickaël Crosa
Ankama
Quand un être vous manque, tout est dépeuplé
Qui aurait pu penser un seul instant que dans cette tour « Plein ciel » le père Emile mettrait fin à ses jours en se passant par la fenêtre de son 17ème étage ? Comment en est-il arrivé là, quelle mouche l’avait piqué ?
Chez ce veuf depuis maintenant deux ans, aucun signe d’une quelconque dépression n’avait été perçue par son entourage pas même Martine sa voisine de palier avec laquelle il entretenait une tendre complicité. Et ce n’est pas l’enveloppe laissée sur la table de cuisine qui ne comportait que des consignes, à commencer par la répartition de son chat et de ses plantes, qui allait apporter le moindre indice à cette incompréhensible chute. L’émoi dans cet immeuble sorti de terre dans les années soixante, peuplé d’habitants pour la plupart occupants depuis sa construction, et qui s’apparentait à un petit village à la verticale, était palpable. Il fallait, hélas, se résigner d’avoir perdu l’un des piliers du site et tenter de faire son deuil… quand l’arrivée dans l’appartement d’Émile de deux jeunes gens, Mickaël et Loïc, n’a pas manqué de relancer la machine à questions et de créer un certain malaise.
Le scénariste Pierre-Roland Saint-Dizier transforme, avec talent, le lecteur en spectateur d’un drame somme toute banal tellement ce type d’événements remplit la rubrique des faits divers. Sans transformer le lecteur en voyeur, Pierre-Roland Saint-Dizier dissèque un par un les attitudes et les propos des habitants confrontés à la mort d’une personne âgée qui faisait partie de leur paysage quotidien.
Au récit attendrissant, voire touchant s’ajoute le dessin figuratif de Mickaël Crosa qui sied parfaitement au récit. Les personnages, tous aussi expressifs les uns que les autres évoluent dans des lieux plus vrais que nature grâce aux souvenirs du scénariste ayant passé toute sa jeunesse dans la tour qui a servi de décor à la bande dessinée.
Voici un beau récit à lire et à méditer sur les relations de voisinage aux antipodes de l’indifférence que l’on constate de plus en plus dans ces cités où plus il y a de monde et moins l’on se connait.