Les évaporés
Scénario et dessins : Isao Moutte
Sarbacane
Disparaitre pour une nouvelle vie, rêve ou réalité
Que se passe-t-il dans la tête de celui qui aura franchi le pas de ne plus exister physiquement dans son ancienne vie ? Et que dire des dégâts collatéraux subis par son entourage familial, amical ou professionnel, qui croit parfois à un suicide suscitant chez eux un lot de culpabilité, d’interrogations, de remise en question ?
C’est ce que va vivre Yukikon, une jeune fille japonaise expatriée en France pour suivre ses études d’arts appliqués. Elle va devoir revenir au Japon auprès de sa mère pour une recherche active de Kaze, son père qui a quitté le domicile conjugal sans que son épouse ait soupçonné le moindre indice de cette fuite en avant.
Que faire alors, prévenir les services de police alors qu’il n’y a pas de faits délictueux à l’égard du « fugueur » et qu’il ne sera donc fait aucune recherche ? Il ne reste plus à Yukikon qu’à faire sa propre enquête, en s’adjoignant les compétences d’un détective privé, afin de retrouver son père.
C’est ce que nous propose l’auteur Isao Moutte en suivant cette jeune fille bien déterminée à retrouver son père mais aussi à découvrir, au travers de rencontres de personnes l’ayant côtoyé ces derniers mois, les raisons qui auraient poussé Kaze à se marginaliser. A-t-il refait sa vie, de quoi vit-il alors qu’elle apprend que ce dernier a été licencié du jour au lendemain ?
Le scénario, adapté du roman de Thomas B. Reverdy, est bien construit et rythmé. Il se déroule à la manière d’une enquête policière, tout en développant l’aspect émotionnel chez cette jeune fille complètement abasourdie par la soudaine disparition, jusqu’à se sentir coupable d’avoir « abandonné » sa famille en partant à l’étranger.
Avec un trait hachuré noir et blanc renforçant le caractère angoissant du récit, Isao Moutte fait mouche et livre là un bel album sur un phénomène connu au Japon.