L'héritage fossile
Scénario, dessins et couleurs : Philippe Valette
Delcourt, collection Neopolis
En route pour un aller simple
Un vieillard amoindri escorté d’une jeune enfant arpente un terrain des plus hostiles qui pourrait s’apparenter à un désert, balayé par les vents. Ainsi débute le récit qui se situe quelques 20 000 ans après le départ de la navette L’Héritage one pour rejoindre l’exoplanète Geminae. À son bord, quatre astronautes, Ryoko, Chana, Onye et Reiz leur commandant, un milliardaire philanthrope, sans oublier la myriade d’embryons humains destinés à naitre sur Geminae. Seulement, comment rejoindre cette planète susceptible de pouvoir accueillir des humains après un voyage de 20 000 ans ? La solution réside alors dans l’utilisation de la biostase qui permettra de mettre l’équipage en léthargie avec des réveils tous les 25 ans afin de s’assurer que tout se passe bien dans la navette. Sauf que ce serait trop simple si le voyage se déroulait sans anicroche raconte Reiz, le père de Nova, la jeune enfant qui l’accompagne alors dans ses pérégrinations sur Geminae.
Qu’a-t-il pu se passer pendant tout ce trajet, que sont devenus les compagnons de Reiz ? Des questions que Nova ne pourra s’empêcher de poser…
Si le scénariste Philippe Valette nous a habitués au récit humoristique là, le registre ne s’inscrit pas dans la franche rigolade. Mais ne boudons pas notre plaisir de découvrir un scénario de science-fiction plutôt bien ficelé où la grande aventure promet son lot de surprises avec des retournements de situation et ce, jusqu’au mot fin.
Alors, à l’heure où le secteur privé s’engage à coup de milliards dans la course effrénée de la conquête spatiale pour des raisons assurément mercantiles, Philippe Valette amène le lecteur à s’interroger notamment sur le devenir de telles entreprises. Mais c’est aussi une réflexion sur l’avenir de notre planète et cette soif de découvrir, qui sait, un monde meilleur à des milliers de kms.
Développés et réalisés comme un film, le script comme le dessin donnent la belle impression que l’on va pouvoir prolonger l’aventure sur la toile. Avec une réalisation totalement numérique, le dessinateur Philippe Valette transpose ses personnages dans un paysage en 3D avec des passages hyperréalistes que ce soit dans les tempêtes de sable sur Geminae que dans le vaisseau spatial, rendant le récit encore plus envisageable mais aussi plus terrifiant.
Assurément, un des meilleurs romans graphiques d’anticipation de cette année à dévorer sans plus attendre.