Empire USA. Première et dernière saison ?
Annoncée à grands renforts d’opérations marketing et autres campagnes promotionnelles d’envergure, Empire USA est une nouvelle série concept propulsée par Dargaud Benelux. Au générique : un scénariste Stephen Desberg, secondé par Yann aux dialogues, six dessinateurs (Griffo, Alain Mounier, Érik Juszezak, Daniel Koller et Henri Reculé, d’après des personnages créés par ce dernier en compagnie d’Enrico Marini), deux coloristes (drivés par Bertrand Denoulet) pour un premier cycle dont les six tomes paraissent entre le 19 septembre et le 5 décembre ! La lecture des premiers épisodes nous a néanmoins laissé sur notre faim...
© Griffo - Mounier - Desberg / Dargaud
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Un excellent pitch…
Les deux premiers tomes d'Empire USA – l’un dessiné par Griffo (qui signera également le quatrième opus et assume tous les visuels de couvertures), l’autre par Alain Mounier – paraissent donc ce 19 septembre. Imaginez qu’une nouvelle menace terroriste prenne pour cible les États-Unis en faisant poindre le spectre d’une gigantesque attaque chimique.
Imaginez que cette attaque soit fomentée par le mouvement extrémiste et islamiste des Hashashins. Imaginez que le président des États-Unis s’empare des pleins pouvoirs pour tenter d’enrayer cette attaque, quitte à annuler les élections présidentielles, à modifier la constitution, à abroger la séparation des pouvoirs politiques et religieux, et à ne plus respecter la souveraineté des autres pays occidentaux. Imaginez qu’une seule personne ait la possibilité d’enrayer cette terrible mécanique : un agent de la CIA non connu des services officiels. Son nom : Jared Gail. Seul souci : il s’apprête à mettre fin à ses jours pour une mystérieuse raison !…
© Griffo - Juszezak - Desberg / Dargaud
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Grand amateur des séries télévisées développées par l’industrie américaine de « the entertainment », Stephen Desberg s’offre une belle brochette de collaborateurs pour créer sa première série à auteurs multiples. Les deux premiers opus d’Empire USA permettent de découvrir les enjeux généraux du récit, et de familiariser les lecteurs avec les nombreux personnages entrant dans le jeu et dans l’action. Comme l’éditeur l’explique, « Empire USA est à la BD ce que 24 heures chrono est à la série télé ».
… pour un possible flop aux allures de top !
On l’aura compris, les amateurs d’œuvres intimistes passeront vite leur chemin, tandis que les lecteurs appréciant le grand spectacle devraient être servis. Du moins, Dargaud nous promet – dans son luxueux mais peu bavard dossier de presse – « des personnages riches, une intrigue à plusieurs étapes, des rebondissements incessants, de l’amour, du sexe, de la violence… » Pour autant, si le pitch bien ficelé donne envie, si les superbes maquettes de couvertures (signées Philippe Ravon, directeur artistique des éditions Dargaud) sont réussies et donnent envie d’ouvrir les deux albums, leur lecture se révèle décevante, et il est encore fort difficile de juger la pertinence et les qualités de cette saga aux ambitions fortement affichées. Il faut donc attendre la lecture des prochains opus pour apprécier – ou pas – l’ensemble de cette première saison, tant les promesses annoncées sont alléchantes, mais sans lendemain pour le moment…
© Griffo - Koller - Reculé - Desberg / Dargaud
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Un autre bémol, pour l’heure, a trait au graphisme de Griffo (SOS Bonheur, Giacomo C.) comme à celui d'Alain Mounier (les Abîmes du Temps, Box). Ces deux dessinateurs de talent donnent ici l’impression d’avoir réalisé leurs planches vraiment trop rapidement : les personnages vont parfois de guingois, et évoluent dans des décors fort peu fouillés. Les délais de réalisation et le fait de ne pas avoir créé eux-mêmes les physiques des protagonistes expliquent peut-être cela.
Alors que la première saison d’Empire USA n’est pas encore dans les bacs des libraires, une seconde saison est d’ores et déjà programmée pour 2010, après la publication d’un album intermédiaire qui devrait voir le jour courant 2009.
À suivre donc… comme tout feuilleton digne de ce nom !