La BD belge se décline en Diagonale
Jean Dufaux (Président du Jury), David da Câmara Gomes (échevin de la Culture de la ville d'Ottignies-Louvain-la-Neuve), Bruno Coppens (humoriste et animateur de la soirée) |
Un duo étonnant pour un numéro de voyance |
Mme Michel (députée permanente de la province du Brabant Wallon) et Paul Herman (représentant Vittorio Giardino) |
Un amusant traducteur de Blake et Mortimer en wallon de Genappe |
Emile Bravo, prix du meilleur album pour Le journal d'un ingénu |
Un vrai faux jeune auteur à l'imagination débordante |
Jean Dufaux et Daniel Couvreur (Le Soir) |
Le 19 octobre 2008, Louvain-la-Neuve accueillait la presse, de nombreux auteurs et VIP pour la première remise des Prix Diagonale.
Un jury prestigieux
Présidé par Jean Dufaux, le jury était composé de 2 autres scénaristes belges, Jean Van Hamme et Raoul Cauvin, du dessinateur Christian Denayer et du journaliste du quotidien Le Soir, Daniel Couvreur. Les jurés étaient amenés à décerner 3 prix : le prix du meilleur album (Prix de la ville d'Ottignies-Louvain-la-Neuve), celui du meilleur album étranger traduit en français (Prix de la province du Brabant Wallon), enfin celui récompensant un auteur pour l'ensemble de son œuvre (Grand Prix).
Des lauréats populaires
On ne pourra pas reprocher au jury d'avoir donné dans l'élitisme. Ce sont des auteurs et œuvres populaires qui ont été choisis. Le Journal d'un ingénu, une aventure de Spirou imaginée par le Français Emile Bravo a reçu le prix du meilleur album. No Pasaran, le tome 4 de Max Fridman, de l'Italien Vittorio Giardino s'est vu attribuer le prix du meilleur album étranger, tandis que le Belge Midam (Kid Paddle) a été couronné par le Grand Prix du jury. Même si ces choix sont mérités, on peut se demander si de telles récompenses apportent un quelconque retentissement international à ce qui se passe au niveau de la bande dessinée en Belgique.
Une soirée bien orchestrée
C'est dans la salle dite la Grange, à la ferme du Biéreau, que tout le monde s'était rassemblé pour assister à une remise des prix très bien orchestrée et mise en scène (le festival d'Angoulême devrait s'en inspirer...). Ce véritable petit spectacle alternait, avec bonheur, discours officiels, chansons, musique et numéros de music-hall.
Les Ardennes brabançonnes : vivier de la BD belge
Parallèlement à cette remise de prix, la Maison du tourisme des Ardennes brabançonnes organisait, à Wavre, les 18 et 19 octobre, ses 3es Rencontres Internationales de la Bande Dessinée en Brabant Wallon avec Jean Dufaux comme invité d'honneur. Celui-ci, comme beaucoup d'autres -Bob de Groot, Bédu, Philippe Geluck (bien qu'il partage maintenant son temps entre Bruxelles et Bousval), Christian Denayer, Benoît Roels, Charles Janry, François Maingoval...- habite cette région. Hergé y avait sa maison de campagne. Et Jacques Martin y a séjourné longtemps avant de s'exiler en terre helvétique. Louvain-la-Neuve verra l'ouverture du Musée Hergé en mai 2009. Il semblait donc logique que cette jeune province tente de dynamiser et de faire rayonner la BD belge.
La Belgique, berceau de la bande dessinée ?
Les Prix "Diagonale" sont nés d'une volonté de créer un événement d'envergure internationale en Belgique. L'idée est louable, et l'opération bienvenue. Mais le problème est que la bande dessinée n'est toujours pas prise au sérieux par les autorités politiques. Comme Jean Dufaux l'a rappelé lors de la conférence de presse, Fadila Laanan, Ministre de la Culture de la Communauté Française, considère que la BD se porte bien et qu'elle n'a, dès lors, pas besoin de soutien financier. Quand on connaît les investissements consentis par les autorités politiques françaises (municipalités, conseils généraux, ministère de la Culture...) dans des festivals comme ceux d'Angoulême, de Saint-Malo, de Chambéry, d'Illzach ou encore de Blois, on comprend que la situation des événements liés à la bande dessinée en Belgique ne risque pas de changer. Malgré beaucoup de bonnes volontés, souvent bénévoles, les festivals belges n'arrivent pas à s'imposer sur la scène internationale. Faute de moyens, faute de soutiens, faute de personnes compétentes... Cela donne des petits événements locaux qui accueillent au mieux 2.000 à 3.000 visiteurs, soit 100 fois moins qu'Angoulême et 10 fois moins que Saint-Malo. Les nostalgiques -et j'en suis- rêvent du retour d'un festival comme celui de Durbuy, qui rassemblait de belles expositions, de nombreux et talentueux auteurs, et qui était animé par des bénévoles passionnés. Pourquoi avoir abandonné un événement qui promettait tant ? Il n'était même pas soutenu par la ville où il se tenait...