Entretien avec Bruno Di Sano

Walthéry et Di Sano
François Walthéry et Bruno Di Sano sur le stand des éditions Joker au Festival d'Angoulême 2001

Bruno Di Sano est un auteur discret. Il débuta dans les pages du journal Tintin avec Arnold le Rêveur et le Jeune Renaudin, mais c'est en poursuivant la collection d'histoires coquines débutée par Dany qu'il connut enfin le succès.
Il publie à présent Dans la peau d'une femme, un nouvel album aux éditions Joker réalisé en collaboration avec François Walthéry et Mythic.
Dans cette histoire, un homme, Antoine Aubert, se retrouve dans le corps d'une superbe créature, Johanna.
Nous avons voulu en savoir plus sur cette nouvelle expérience...

Pouvez-vous nous expliquer comment il se fait que c'est vous qui poursuivez cette série mettant en scène la belle Johanna ?
Alors que j'étais entre deux albums, j'ai proposé à mon éditeur, qui est aussi celui de cette série, de poursuivre l'histoire entamée par Walthéry. Le premier épisode, intitulé Une femme dans la peau, avait été publié au début des années 90 et François n'avait jamais eu le temps de dessiner la suite. Au départ, je pensais seulement lui donner un coup de main.

Quelle a été la réaction de François Walthéry lorsqu'il a appris que vous souhaitiez travailler sur cette histoire ?
Il était ravi. Mais il ne pouvait pas s'investir beaucoup dans la suite. C'est ainsi que j'en suis devenu le dessinateur principal. J'ai dessiné le tout à l'exception de certains personnages plus marqués par son style.

Comment vous êtes vous organisés ?
Tout l'album a été réalisé en étroite collaboration. Je lui ai d'abord soumis le découpage. Une fois qu'il m'a donné son aval sur ce point, j'ai mis tous les crayonnés sur papier. A ce niveau, j'esquissais, seulement, les personnages typiquement "Walthéry" comme Johanna. Je lui apportais les planches au crayon par tranche de 10 de manière à ce qu'il dessine ses personnages et corrige d'éventuelles erreurs ou petits détails. Le crayonné de tout l'album terminé, nous l'avons revisualisé ensemble. J'ai encore effectué quelques corrections et je suis passé à l'encrage, que j'ai effectué entièrement seul. J'ai essayé de me rapprocher du trait très délié, très souple et très courbe de François. Ce qui ne m'a pas posé trop de problème, car nos styles sont assez proches.

Qui a choisi Mythic pour imaginer la suite du récit initié par Fritax ?
Fritax avait imaginé une suite au premier tome mais cela ne correspondait pas à la ligne de conduite que Walthéry (et moi-même par la suite) souhaitait donner à la série. J'ai donc proposé que Mythic signe le scénario. Je le connais depuis de nombreuses années et je le savais capable de pondre une bonne histoire. L'intrigue, entamée dans ce deuxième tome, se termine dans le prochain album. Nous ne voulions pas de récit à ralonge. Mythic a voulu le développer sur deux tomes parce que la matière était trop dense pour concentrer cela sur un seul volume. François et moi avons également apporté quelques suggestions de manière à ce que l'histoire rencontre les attentes du public et les nôtres.

Pensez-vous que la touche érotique apporte quelque chose à l'intrigue ?
L'essentiel est de raconter une bonne histoire. Les jolies filles un peu déshabillées, c'est surtout pour le coup d'oeil. Nous ne voulons pas en faire une BD érotique.

Très joli carnet de croquis édité par les éditions Point Image.
Un carnet similaire avec des dessins de Walthéry est en préparation chez le même éditeur.

Pour Au Malheur des Dames, le troisième tome, vous allez conserver la même méthode de travail ?
Absolument. François me donne carte blanche. Nous allons continuer à travailler de la même manière.

Finalement cette collaboration ressemble un peu à ce qui s'est fait sur Rubine. Walthéry jouant un rôle de superviseur.
Effectivement. Ce qui est amusant, c'est que Mythic m'avait proposé le projet "Rubine". J'avais réalisé quelques planches d'essais avec une héroïne flic (qui ne s'appelait pas Rubine). Nous les avions montrées à notre éditeur. Rob Harren, directeur éditorial du Lombard à l'époque, en voyant mes dessins m'a suggéré de reprendre les histoires coquines de Dany. C'est ainsi que Walthéry a finalement lancé Rubine avec De Lazare et Mythic, et que j'ai dessiné BD Folies.

Parallèlement aux aventures de Johanna, allez-vous poursuivre les albums coquins ?
J'en termine un actuellement. Ce sera le dernier. Je pense avoir faire le tour de la question. J'aimerais à présent m'imposer dans un registre plus classique et perdre cette étiquette.

Propos recueillis par Marc Carlot, le 27 janvier 2001 à Angoulême
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