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La Nuit Mac Orlan, par Arnaud Le Gouëfflec, Briac (Sixto)

La Nuit Mac Orlan

Scénario : Arnaud Le Gouëfflec
Dessins et couleurs : Briac

Sixto

Nuits brestoises

Belle surprise du printemps, Briac et Arnaud Le Gouëfflec composent à quatre mains un atypique album de bande dessinée dédié aux nuits brestoises et au génial Pierre Mac Orlan. Briac est un dessinateur remarqué avec ses premiers albums parus aux éditions Le Télégramme. Armen (2008) narrait ainsi un passionnant huis-clos entre un gardien de phare et un officier allemand durant la Seconde Guerre mondiale, tandis que Les Gens du Lao-Tseu (2010) proposait, sous la forme d’un polar urbain, une chronique sociale dans le Brest des années 1920. Quant à Arnaud Le Gouëfflec, on ne présente plus ce caméléon brestois : romancier, musicien, scénariste de BD, organisateur du Festival Invisible… ce stakhanoviste n’a de cesse de s’essayer à tous les styles avec originalité et talent.

Avec La Nuit Mac Orlan, les auteurs narrent la venue à Brest d’un thésard spécialiste de l’œuvre de l’auteur de L’Ancre de Miséricorde. En vue d’achever sa thèse, cet étudiant se rend dans la cité du Ponant appâté par un bouquiniste qui aurait découvert un manuscrit inédit de l’écrivain de Saint-Cyr-sur-Morin. « Très vite, nous précise Le Gouëfflec, sa trajectoire s'égare dans la nuit brestoise et vire au cauchemar. S'ensuit une quête nocturne entre onirisme, polar et folie. » Pour composer son récit, le scénariste s’appuie bien sûr sur l’œuvre de Pierre Mac Orlan, mais également sur le mémoire universitaire de Sophie Laot.

Le dessin expressionniste de Briac au trait pâteux et aux couleurs sombres – chaque case étant un véritable petit tableau – colle parfaitement avec le propos d’Arnaud Le Gouëfflec. « On a conçu l’intrigue, précise ce dernier, comme un jeu de cache-cache avec les thèmes obsessionnels présents dans l'œuvre de Mac Orlan : la figure du Diable, du marin, du pirate, les cabarets, les lanternes… » S’étant plongé dans les ouvrages de Mac Orlan, Briac en a extrait la quintessence, tout en s’inspirant librement des ambiances de deux adaptations cinématographiques : La Bandera réalisé par Julien Duvivier en 1935, et Le Quai des Brumes filmé par Marcel Carné en 1938 et doté de somptueux décors signés Alexandre Trauner. « Puisque l'on parle d'expressionnisme, confie le dessinateur, les films de Friedrich Wilhelm Murnau, de Fritz Lang, des peintres comme Soutine, Emil Nolde ou Egon Schiele m'accompagnent pendant la réalisation de mes planches... »

Il en résulte un superbe et sombre album que nous vous invitons vivement à découvrir.

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Brieg Haslé-Le Gall

Préface de Pierre Bergé, président du Comité Mac Orlan ; postface de Bernard Baritaud, président de la Société des lecteurs de Pierre Mac Orlan.

Du même dessinateur :

Armen, par Briac
30/04/2014