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Gisèle et Béatrice, par Benoît Feroumont, collection Aire Libre (Dupuis)

Gisèle et Béatrice

Scénario et dessins : Benoît Feroumont
Couleurs : Christelle Coopman

Dupuis, collection Aire Libre

Aire très libre

Comme beaucoup de femmes, Béatrice est moins payée et moins considérée que ses collègues masculins. Lorsque Georges, son supérieur hiérarchique, passe au harcèlement sexuel, elle décide de le prendre à son propre piège. Georges devient Gisèle, sans statut, sans papiers, sans passé, et découvre la vie quotidienne d'une femme soumise, entre les tâches ménagères, les journées passées à la maison et les fantaisies sexuelles de Béatrice.

Ça devait arriver, s'exclameront certains, le sexe a fait son apparition au catalogue Dupuis. Pourtant, il s'agit là d'une vision très réductrice. Certes, ce sympathique bouquin pour adultes ne manque pas de scènes plutôt torrides, mais son propos est bien plus large. Benoît Feroumont signe un conte coquin qui est aussi une dénonciation des toujours nombreuses inégalités hommes-femmes, et qui ne manque ni de profondeur, ni de sentiments, ni d'humour. Répondant à l'appel aux artistes lancé par une sexologue canadienne à s'approprier la sexualité pour contrer la pornographie et ses dégâts, l'auteur du Royaume développe une véritable histoire, conduite par de vrais personnages, et aboutissant finalement à ce que le lecteur pourra considérer comme une morale. Et puis, soulignons-le, son dessin rigolo désamorce avec le sourire nombre de situations qui, traitées autrement, pourraient devenir scabreuses.

Publié dans la collection Aire Libre, Gisèle et Béatrice bénéficie d'une présentation particulière, un petit format glissé sous étui. Une option qui s'imposait pour différencier l'album de ceux d'un Royaume tous publics et qui donne lieu à un amusant jeu de comparaison entre l'image de couverture du livre et celle figurant sur l'étui. Ceux qui pensaient respirer, en compagnie de ces deux "héroïnes", un parfum de scandale, en seront pour leurs frais. L'éditeur a très finement négocié un virage qui aurait pu s'avérer périlleux. Et le parfum offert à Gisèle et Béatrice par leur auteur s'avère finalement plaisant, léger et presque, comme le chantait Véronique Sanson, "exclusivement féminin" !

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Pierre Burssens

Du même auteur :

Le Royaume  - T5: Les Armes de Maître Marcel, par Benoît Feroumont

A lire également :

Pour en savoir plus : Blog de Benoît Feroumont

22/09/2013