Le Fils du yéti
Scénario et dessins : Didier Tronchet
Casterman, collection Ecritures
Nostalgie
Alors qu'un incendie se déclare dans son immeuble et qu'il doit l'évacuer, le personnage central de ce roman graphique emporte avec lui de vieux albums de photos de famille. Premier surpris de cette initiative, ces albums vont l'amener à se pencher sur son passé et notamment sur son père méconnu dans un voyage à rebours de plus de 30 ans.
Essentiellement catalogué "humour" (ce qui lui a tout de même valu deux Alph'arts à Angoulême), Didier Tronchet a, au fil de sa carrière, dévoilé progressivement d'autres facettes de son talent. Il a d'ailleurs ajouté à la BD le cinéma, la scène et la littérature. Le Fils du yéti constitue la fidèle adaptation en BD de son roman éponyme paru chez Flammarion en 2011. La démarche peut surprendre, mais on peut penser que l'auteur de Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal boucle ainsi une étape flirtant avec l'autobiographie.
Que ses admirateurs se rassurent, Tronchet reste Tronchet. Pareil thème aurait pu convenir à Taniguchi, par ses aspects intimes, sensibles et nostalgiques, mais on ne se refait pas, et Didier Tronchet, tout en signant un album émouvant, nous fait souvent sourire. Les jalons de la quête de son (anti) héros sont en effet pittoresques. Il y a la quête du père, les années qui passent et la nostalgie, mais aussi la voisine du second, la pseudo-mort de Paul Mc Cartney en pleine période Beatles, le pédalo et le yéti protecteur tout droit sorti du Lotus bleu.
Pour illustrer cette comédie douce-amère, l'auteur adoucit son trait et l'enrichit au lavis. Parfois un peu long (200 pages), Le Fils du yéti nous offre cependant une jolie variation sur la famille et la transmission d'une génération à la suivante. Il nous fait surtout emboîter le pas d'un personnage qui, grâce à ce regard sur son passé, de spectateur devient acteur de sa vie. Le tout avec humour et poésie...