Choc
Tome 1 : Les Fantômes de Knightgrave
Scénario : Stephan Colman
Dessins : Eric Maltaite
Couleurs : Lady C. et Eric Maltaite
Dupuis
Le chevalier du crime
Apparu pour la première fois en 1955 dans les pages du Journal de Spirou, le mystérieux Monsieur Choc, indestructible adversaire de Tif et Tondu, est devenu un des plus célèbres "méchants" d'un certain âge d'or de la BD franco-belge. Créé par Will (Willy Maltaite) et Maurice Rosy, le voici qui reprend aujourd'hui vie, dessiné par Eric Maltaite (le fils de Will) sur un scénario de Stephan Colman. Plutôt qu'un "reboot" de Tif et Tondu, les auteurs nous dévoilent l'histoire du chevalier du crime. Choc ne s'est pas fait tout seul. Avant de porter le heaume, il a été un enfant blessé et un adolescent vengeur...
Le choix de Maltaite et Colman surprend, mais à la lecture de ce premier album, on ne peut que mesurer combien il est judicieux. Le scénario avait d'ailleurs été approuvé par Maurice Rosy lors de la genèse de ce projet. En procédant au rachat du manoir de Knightgrave sous un faux nom, Choc revient sur un épisode de son passé. À partir de là, et via un habile jeu de flash-backs, Stéphane Colman nous présente une vie difficile, marquée par les injustices et la violence. Une vie qui a, peu à peu, modelé ce criminel hors-normes.
Formidable hommage astucieusement articulé sur la série-mère, cette réapparition ne cherche aucunement à imiter celle-ci. La manière de raconter en BD a évolué depuis. Le ton général des Fantômes de Knightgrave est nettement plus adulte, ne fait l'impasse ni sur la violence ni sur le sordide de certaines situations. Eric Maltaite (421) pousse son dessin vers plus de réalisme. Pas de pastiche, pas de "à la manière de". Choc est différent et pourtant proche de celui que l'on connaît. Découvrir son passé le rend peut-être plus impressionnant encore. Et pourtant, même si on sait qui il deviendra, le scénario de Stephan Colman parvient à rendre ce gamin attachant, et offre au génie du mal une forme de sensibilité et une... humanité dont on ne le soupçonnait guère.
Dès son annonce, le retour de Choc faisait figure d'événement. En parcourant les couloirs de Knightgrave et les méandres de son passé en sa compagnie tout au long des 88 pages de ce tome 1, on découvre que plus qu'une renaissance, c'est une re-création que lui offrent ses nouveaux auteurs. On croyait Choc rangé au rayon des classiques, on mesure qu'il est toujours actuel. On ne s'avancera pas à dire qu'il n'a pas pris une ride, mais son heaume, lui, n'a pas pris un point de rouille. Les Fantômes de Knightgrave ont tout pour hanter la liste des indispensables !