
Le Spirou de...
Tome 7 : La Femme léopard
Scénario : Yann
Dessins : Olivier Schwartz
Couleurs : Laurence Croix
Dupuis
La féline et le fétiche
Après Le Groom vert-de-gris, Yann et Olivier Schwartz poursuivent les aventures de "leur" Spirou dans l'immédiat après-guerre. Spirou végète au New Moustic Hotel, et, marqué par la disparition d'Audrey, bascule peu à peu dans l'alcoolisme. Sa rencontre accidentelle avec Aniota, une mystérieuse femme léopard à la recherche d'un fétiche aux pouvoirs insoupçonnés entraîne le jeune groom et son ami Fantasio - en pleine inspiration zazou - dans une aventure mouvementée. Au cours de celle-ci, ils croisent, pêle-mêle, d'étranges robots gorilles, les services secrets US, le sinistre colonel Knochen, des savants atomistes et un futur dictateur africain...
Le principe de la collection Une Aventure de Spirou et Fantasio par... est de permettre à des auteurs d'y apporter leur vision et leur interprétation du personnage mythique créé par Rob Vel afin d'enrichir son univers. Dans ce contexte, nul doute que certains éléments de cette Femme léopard risquent de faire hurler les puristes attachés à la série initiale. Au-delà, c'est l'histoire d'un groom encore indécis qui peu à peu se transforme en aventurier que nous proposent Yann et Schwartz. Une aventure qui passe par l'exotisme personnifié par la jolie Aniota et le monde fascinant mais non sans risque qu'elle représente.
Et nous sommes entraînés dans une recherche échevelée, à travers une intrigue qui regorge de clins d'oeil et de références. Un peu trop sans doute. En effet, l'humour de l'histoire, les sourires très "bruxellois", les nombreux clins d'oeil à des classiques de la BD et à... Tintin, les multiples "private joke" envers Dupuis, certains auteurs ou responsables du magazine Spirou, et la mise en scène de personnages réels (Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian ou Juliette Gréco) en viennent parfois à nuire au rythme d'une aventure voulue trépidante. D'un côté, on s'amuse de tout cet assemblage qui permet peut-être un autre niveau de lecture, mais d'autre part on regrette quelques scènes et passages inutilement bavards qui desservent le suspense potentiellement induit par la trame générale.
Olivier Schwartz met ce copieux menu en images avec efficacité, minutie et sens du détail, sans jamais basculer dans une trop lourde reconstitution. Certaines planches et cases valent réellement le détour, nul doute qu'elles auraient également de quoi séduire, agrandies, sous forme de posters ou de sérigraphies. D'autant que les belles couleurs de Laurence Croix sont en symbiose avec le trait "vintage" du dessinateur.
À l'arrivée, ce Spirou de Schwartz et Yann trouve sans difficulté sa place dans cette collection thématique. La Femme léopard possède un vrai charme rétro, de vraies bonnes idées mais son intrigue souffre parfois de surcharge et de certaines longueurs qui auraient pu aisément être évitées. Gageons que Le Maître des hosties noires, à venir, qui constituera la seconde partie de cette aventure, bénéficiera d'un régime mieux équilibré.