Auracan » chroniques » Le Ventre de la hyène
Le Ventre de la hyène, par Clément Baloup, Christophe Alliel (Le Lombard)

Le Ventre de la hyène

Scénario : Clément Baloup
Dessins : Christophe Alliel
Couleurs : Facio

Le Lombard

Piste rouge

C'est à un sujet difficile mais malheureusement d'actualité que s'attachent Clément Baloup et Christophe Alliel dans Le Ventre de la hyène. À travers l'histoire de Talino et de son grand frère Anouar, les auteurs évoquent la destinée de ces enfants-soldats, plongés dans une spirale de haine et de violence, itinéraire sanglant sans réelle destination ni espoir de rédemption.

D'un petit village de la savane africaine à une cité marseillaise à haut risque, on suit ainsi le parcours destructeur de ces deux gamins trop vite grandis, dans les pires conditions. Anouar a choisi la violence, y entraînant Talino, tiraillé entre les événements auxquels il doit faire face sous les ordres de son frère et un espoir de rédemption illusoire. On ne trouve pas de référence de temps ou de lieu précis dans ce copieux album, mais les infos internationales dont nous sommes abreuvés quotidiennement nous orientent très facilement.

Retrouver ces auteurs à la réalisation d'un tel album coup-de-poing est une surprise. Clément Baloup nous avait habitué à des approches plus délicates. Christophe Alliel a, de son côté, fait évoluer son dessin vers plus de noirceur et de réalisme pour illustrer avec énormément d'efficacité cette tragédie nourrie de violence et de haine. Ces dernières rayonnent littéralement de certains visages, en gros plans, terriblement expressifs. Un découpage particulièrement vif, rappelant parfois les comics, renforce encore l'immersion dans cette atmosphère désespérée et chaotique.

De l'Afrique à une jungle urbaine, les fauves sont lâchés et ne connaissent pas la pitié. Le ventre de la hyène donne à réfléchir au devenir de ces gamins comme au devenir d'un continent. Les événements du Mali et de Centrafrique viennent à l'esprit, comme la tragédie de Lampedusa. Pourtant les auteurs racontent, illustrent mais ne dénoncent pas. Et on ressort amer d'une lecture secouante, en refermant un livre très dur mais utile !

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens

Du même scénariste :

Quitter Saigon: Mémoires de Viet Kieus, par Clément Baloup

Pour en savoir plus : le blog du dessinateur

14/07/2014