BLACKSAD Tome 1: Quelque part entre les ombres Scénario : Canales Dessin et couleur : Guarnido Dargaud

A l'exception de l'Inspecteur Canardo de Sokal, cela fait plusieurs années qu'il n'est pas paru de polars où les protagonistes sont des animaux, ou plutôt des humains à tête animal (zoomorphe pour les lettrés), à l'image certaines divinités égyptiennes (Horus, Anubis...).

Ce n'est plus le cas avec cet album. Blacksad est un privé dans le style du célèbre Marlowe: célibataire endurci, jouant des poings et du revolver, arpentant les limites floues de la légalité, ayant des connexions aussi bien dans la police que dans les bas-fonds.
Dans ce premier tome, il arpente une métropole américaine des années 50, à la recherche du meurtrier d'une de ses anciennes amies. Affublé de son éternel trench-coat et cigarette aux lèvres, il ira jusqu'au bout de son enquête malgré les embûches dressées par un mystérieux et puissant personnage.

Le scénario, dans la pure veine d'une série noire, peut paraître peu inventif. Pourtant, avec sa narration à la première personne, sa galerie de personnages pittoresques et une bonne dose d'humour, c'est avec délectation qu'on suit le héros dans sa quête de la vérité.

On entre d'autant plus aisément dans l'aventure que celle-ci est magistralement illustrée. Le dessin est maîtrisé, élégant et fluide. La mise en page, tout en utilisant des effets de style tels que gros plan et vue plongeante, reste sobre. Les couleurs, légères et délavées, renforcent l'atmosphère rétro et polar. Elles ne correspondent pas à la mode actuelle des couleurs pleines et saturées, mais rappellent les albums récents de Hermann, ou les BD italiennes et espagnoles des années 80.

Si le choix des couleurs peut décontenancer, cette première réalisation est un coup de maître. Gageons que ce premier tome aura un véritable succès et qu'il entame une série de qualité.

Tuyen Le Tan