Vérités, le quatrième tome qui vient
clore la série Les Coulisses du Pouvoir, s'inscrit
dans le continuum des albums précédents. Lieux
et protagonistes principaux sont au rendez-vous. Entre York
et Londres, le Commandant Caine et son adjoint Burkinshaw
poursuivent l'enquête sur le meurtre de Parkinson, ancien
Premier Ministre, qui les mènent dans les coulisses
obscures d'un pouvoir qui n'hésite pas à recourir
à des moyens peu orthodoxes pour conserver le devant
de la scène.
Si le Capitole est proche de la roche Tarpéienne,
les politiques qui évoluent dans les bureaux feutrés
de l'establishment flirtent avec l'univers des tueurs à
gages et de la prostitution. Richelle dresse un portrait sans
complaisance d'un monde de faux semblants, de compromissions
et de machinations où stratégie et diplomatie
font bon ménage avec crimes prémédités.
Le scénariste campe des personnages attachants ou
antipathiques, mais tous pris dans leurs contradictions internes,
empêtrés dans des carcans sociaux qui les font
agir qui par opportunisme, qui par instinct vital.
Le dessin de Delitte oscille avec bonheur entre synthétisme
et réalisme, et fait percevoir au lecteur la diversité
des univers parcourus comme leur cohésion. Quelques
vignettes représentant des emblèmes de Londres,
tels Big Ben ou bien les autobus à double étages,
donnent le ton : s'il s'agit de meurtres produits dans la
haute sphère politique, c'est bien tout un pays, toute
une société qui est impliquée, les grands
pontes du pouvoir n'étant somme toute pas si différents
du commun des mortels.
La réflexion du Commandant Caine donne d'ailleurs
le ton de cette série toute en nuance et en subtilité
: "Finalement, [ces gens] sont à l'image de
la société
l'homme de la rue se montre
volontiers lâche, tricheur, roublard. Au nom de quoi
les politiques seraient-ils des prix de vertu ?".
A Londres ou ailleurs, la question mérite d'être
soulevée et la série de Richelle et Delitte
traite ce délicat sujet d'actualité avec pertinence
et brio.
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