Le
premier tome d'Al Togo (cette série sera constituée
d'une succession de one-shot) se situe dans un avenir proche
- peut-être même trop proche, le scénariste
risquant de se faire rattraper par l'actualité. Le
personnage principal, qui donne son nom à la série,
est un policier parisien qui vient d'être muté
à l'Europolice de Bruxelles, le siège de la
police européenne. Sur le chemin qui le mène
à la capitale belge, il croise le chemin d'un diplomate
suédois qui rentre chez lui après avoir assassiné
son ex-femme et enlevé ses deux fillettes. Une affaire
qui serait simple à régler si ce dernier ne
jouissait pas de l'immunité diplomatique
Cette histoire innove. Pas tant sur le fond, il s'agit d'un
road-movie assez classique avec une intrigue linéaire,
mais dans la forme. Le scénariste, Jean-David Morvan,
fan de manga, rythme son histoire à la japonaise. La
narration qui est lente, détaillée et n'utilise
pratiquement jamais l'ellipse fait se côtoyer de longs
moments silencieux et des gros plans expressifs. Toutefois,
à la différence des Mangakas qui disposent d'un
nombre de planches conséquents, J-D Morvan, qui n'en
a que 46, a du remplir ses pages de 12 à 14 vignettes
pour boucler son scénario. Grâce à ce
parti pris, il parvient, en un seul tome, à nous faire
entrer dans la psychologie des personnages et à nous
présenter les problèmes de la construction européenne.
Une performance !
Les dessins de Savoïa, dépouillés
et précis, sont totalement au service de l'intrigue.
Ils évitent en effet d'attirer l'attention par trop
de virtuosité (pas de contre-plongée mortelle,
de perspective forcée, ni d'angle de vue déjanté).
De plus, les couleurs très sobres des Color Twins s'intègrent
parfaitement au style ligne claire modernisée du dessinateur.
Enfin, le petit plus de l'album qui emportera l'adhésion
des irréductibles; à la fin de ce premier opus,
sur 4 pages, les auteurs nous présentent un teaser
alléchant du prochain tome. Voilà une idée
que devraient reprendre nombre d'éditeurs.
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