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Vor - Tome 2 : Une place au soleil, par Jérôme Pierrat, Vincent Burmeister (Casterman)

Vor

Tome 2 : Une place au soleil

Scénario : Jérôme Pierrat
Dessins et couleurs : Vincent Burmeister

Casterman

Trêve olympique ?

Après avoir repris en main les bandes de voleurs qui écument la France et l’Europe de l’Ouest, Tariel aspire à un avenir meilleur pour lui et Milana. Mais il est difficile de se faire une place au soleil sans marcher sur les plates-bandes des parrains de l’organisation et de leurs alliés russes. Entre Paris et Sotchi, entre la Géorgie et la Suisse, la lutte sera âpre pour ce simple « pion » qui veut gagner son indépendance et croquer enfin sa part du gâteau.

Alors que le tome 1 permettait de se familiariser avec l'organisation de cette Mafia géorgienne et de ses "Vory v zakone", "voleurs dans la loi", ce deuxième album nous plonge au coeur de l'action et on suit avec intérêt l'histoire de Tariel, devenu un redoutable grain de sable dans les rouages de cette hiérarchie du crime. Journaliste spécialisé sur le crime organisé, Jérôme Pierrat va jusqu'à décrire une trêve olympique conclue entre les autorités russes, organisatrices des J.O. d'hiver de Sotchi, les plus chers de l'histoire des Jeux, dont les chantiers de construction des infrastructures étaient gangrénés par ces organisations, et leurs principaux représentants. Désireux de se ranger, fortune faite, avec Milana et leur enfant à venir, Tariel fait de plus en plus cavalier seul, brise les règles de sa "famille" et menace, indirectement, son fonctionnement. Ses actes commis en France et en Suisse ont en effet des répercussions jusqu'en Russie et dans les négociations occultes menées autour des J.O.

Vu la dureté du milieu décrit, le côté sentimental de notre Vor peut presque sembler naïf, tout comme la couverture d'Une place au soleil. Cependant, on est rapidement happé par l'intrigue et on en vient à s'attacher à cet anti-héros et à ses "idéaux" pour autant que ce dernier terme ait une quelconque valeur dans le contexte décrit. Ce deuxième tome fonctionne très bien du côté du scénario, mettant davantage de côté l'aspect documentaire.

Il est peut-être plus difficile de s'accoutumer au dessin et aux couleurs froides choisies par Vincent Burmeister. Les amateurs de précision, d'élégance, de décors soignés et de perspectives minutieuses en seront en effet pour leurs frais. Le dessinateur allemand privilégie l'expressivité et l'efficacité. À cet égard, son contrat est rempli avec un encrage épais au pinceau, mais qui conduit parfois les visages de certains personnages, en très gros plan, aux frontières de la caricature. L'ensemble est finalement en adéquation avec le sujet. Pourquoi vouloir faire "joli" alors que ce que Vor nous décrit est fort loin d'être "joli-joli" ?

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Pierre Burssens
15/06/2015