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Gainsbourg, par François Dimberton, Alexis Chabert (Jungle)

Gainsbourg

Scénario : François Dimberton
Dessins et couleurs : Alexis Chabert

Jungle

La ballade de Serge

Fils d'émigrés russes, Serge Gainsbourg a révolutionné la variété française des années 70'. Son approche volontairement commerciale née de son propre échec dans la chanson à texte a bouleversé les codes de la chanson populaire. Cette rage de gagner sa place dans un domaine qui n'était pas le sien lui aura brûlé les ailes aussi sûrement qu'il aura abouti des chefs d’œuvres.

Films, biographies, BDs, Serge Gainsbourg et son oeuvre continuent à intéresser et inspirer les auteurs. Preuve en est donnée, une fois de plus, avec ce très agréable biopic signé Dimberton et Chabert. Ceux-ci nous proposent de suivre l'itinéraire de Serge à partir de la fuite de ses parents, lors de la révolution russe, et leur installation en France. Dès la première planche, le ton est donné, avec une référence à la fameuse image du landau dévalant l'escalier du film Le Cuirassé Potemkine, et à une autre représentant - historiquement - un drapeau russe flottant au-dessus de Berlin en... 1945 !

En effet, plus qu'à une biographie, c'est à une balade très libre dans la vie et l'oeuvre de Gainsbourg que nous convient les auteurs. François Dimberton a d'ailleurs signé le même type d'exercice avec des titres consacrés à Coluche et Johnny, alors qu'Alexis Chabert se destinait, avant le dessin, à devenir compositeur de musique contemporaine et à enseigner la guitare classique !

On se promène donc, souvent de manière fort poétique, d'étape en étape, d'un épisode à l'autre qui ont chacun influencé l'inspiration et la créativité de l'artiste. Du jeune Lucien qui voulait être peintre à Gainsbarre, sorte de Mister Hyde, on prend beaucoup de plaisir à retrouver un véritable "best of" de moments et de chansons. Dimberton et Chabert tentent de nous faire voir certains épisodes via le regard de leur personnage central, et cela fonctionne fort bien, sur 72 pages traitées de manière originale et rythmées de séduisantes trouvailles graphiques et scénaristiques (le texte de Je t'aime moi non plus se répétant comme un running gag lors de la rencontre de chacune des conquêtes féminines de Serge, il fallait oser...).

Certes, les admirateurs de Gainsbourg y trouveront peut-être une forme de schématisation ou de simplification, mais l'approche est séduisante et offre une grande fluidité de lecture. Un cahier graphique présentant de superbes croquis complète l'album dont les différentes étapes de l'élaboration de la couverture sont exposées au Centre belge de la BD pour une durée de deux ans. De quoi donner envie de réécouter du Gainsbourg !

 

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Pierre Burssens

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14/11/2015