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Le Reste du Monde - Tome 2 : Le Monde d'Après, par Jean-Christophe Chauzy (Casterman)

Le Reste du Monde

Tome 2 : Le Monde d'Après

Scénario, dessins et couleurs : Jean-Christophe Chauzy

Casterman

Si peu d'espoir...

Après la catastrophe dont on ne sait toujours rien hormis la violence et l'étendue de la dévastation, après les semaines à attendre en vain des secours, après le début des pillages et l'installation progressive de la barbarie, il faut continuer à fuir pour survivre. Tout devient danger, prédateurs, meutes de chien errants, nature déréglée... Et pourtant il faut garder espoir, veiller sur ses proches, résister...

Le Monde d'Après constitue le deuxième volet du marquant Le Reste du Monde. On y retrouve Marie et ses enfants, et si un espoir semblait poindre à la fin du tome précédent, on oublie vite ces illusions en poursuivant le périple de l'institutrice elle-même devenue, au gré des tragiques événement, une louve prête à défendre chèrement ses petits. Pourtant, contrairement à d'autres personnages rencontrés, elle se refuse, elle, à basculer dans la barbarie. Elle défend ses garçons, et veille à continuer à inculquer à ces derniers des valeurs d'humanité.

La simple survie laisse peu de répit au petit groupe, contraint d'éviter les routes fréquentées par des pillards prêts à tout, de surmonter les obstacles naturels, et de rester -de plus en plus difficilement- soudé. Le scénario de Jean-Christophe Chauzy fait partager au lecteur cette tension permanente, avec ses moments d'épuisement et de lassitude. Difficile de conserver espoir face à ce qui nous est présenté. D'autant plus que le récit nous est cette fois conté par Hugo, le plus jeune des garçons de Marie. De la catastrophe on ne sait toujours rien. Des tremblements de terre sont évoqués, avec pour conséquences des accidents nucléaires. 

Mais qu'en est-il de la fiabilité des informations dans ces Pyrénées dévastées, où tout semble coupé de...tout, et où même le climat semble se modifier. Seule respiration offerte par Chauzy, ce passage paisible et beau, étrange et poétique, quand Marie réveille ses enfants pour qu'ils puissent contempler...une girafe, échappée de la ménagerie d'un petit cirque. On n'est pas dans la SF, pas de stylisation post-apo futuriste à la Mad Max. Marie pourrait être nimporte qui d'entre nous, et c'est ce qui rend ce Monde d'Après d'autant plus effrayant et désespérant.

Jean-Christophe Chauzy y réalise de nouvelles prouesses graphiques, en couleurs directes. Il nous fait passer de décors chaotiques à des paysages naturels qui, eux, malgré tout, conservent une certaine beauté. L'auteur utilise également ses couleurs pour faire naître et soutenir les émotions de ses personnages...et du lecteur. Ainsi, quand les teintes se réchauffent, qu'une embellie climatique se précise, on reprend espoir, comme Marie et ses enfants. Mais pour combien de temps, pour combien de pages ? Le Monde d'Après s'avère ainsi aussi tragique et bouleversant, si pas plus, que son prédécesseur. Mais laisse toujours des questions en suspens, et un petite lueur d'espoir malgré tout car...on veut y croire !

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Pierre Burssens

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24/10/2016