
La ballade du soldat Odawaa
Scénario : Cédric Apikian
Dessins : Christian Rossi
Couleurs : Walter
Casterman
Fantômes
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Comment galvaniser les troupes quand le moral sombre, que l’on pressent l’enlisement dans l’horreur ? Un capitaine du contingent canadien, dépêché sur le sol français, forme un commando de snipers amérindiens, dont le fameux soldat Odawaa, matricule Tomahawk. Très vite ses faits d’armes, surhumains, d’une violence inouïe, sèment la panique dans les lignes ennemies.
La ballade du soldat Odawaa s'appuye sur des événements authentiques, et certains de ses personnages s'inspirent de héros de guerre canadiens, ces fameux snipers amérindiens. Cependant Cédric Apikian, réalisateur de nombreux moyens et courts métrages ainsi que de clips, documentaires et séries TV, choisit la fiction pour son premier scénario de BD. ce récit était d'ailleurs, à l'origine, destiné à devenir un long métrage.
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L'histoire tient autant du western que du récit de guerre. Le contexte est certes historique et précis, mais cette traque de pillards allemands à la recherche d'un trésor menée par des snipers amérindiens qui font parfois penser à des fantômes nous ramènent au grand écran à l'époque de l'âge d'or des westerns spaghetti. Dans ses remerciements, en préambule, le scénariste cite Hugo Pratt et Sergio Leone, et ces deux noms apparaissent, il est vrai, comme des références évidentes à la lecture des 80 pages de cet album.
L'atmosphère étrange, parfois à la limite du fantastique, la place occupée par les destins personnels et leurs accomplissements ainsi que les allusions à la littérature et à un artefact mythique évoquent le créateur de Corto Maltese. La mise en scène des affrontements, des duels, les portraits de personnages peu fréquentables prêts à tout pour leurs propres intérêts rappellent quant à eux la griffe du réalisateur d'Il était une fois dans l'Ouest. Plus encore lorsque les pillards semblent toucher au but, dans l'abbaye de la ferme blanche... En effet, les auteurs nous font entrer dans une abbaye en compagnie de leurs personnages, mais quand ils en ressortent c'est presque dans le décor du célèbre duel figurant dans Le bon, la brute et le truand. Episode majeur du film, tournant de La ballade du soldat Odawaa...
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La mise en images de Christian Rossi qui, pour l'occasion, renforce ses encrages, transporte le lecteur dans l'ambiance boueuse et desespérée de la guerre des tranchées, qui semble plus menaçante encore vu les faits évoqués.
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Paysages désolés, champs de ruines et de cadavres, expressions torturées des personnages soumis à une menace permanente et souvent invisible...l'ensemble est fort impressionnant, appuyé par la palette du coloriste Walter.
De nombreux albums évoquant le premier conflit mondial ou certains de ses épisodes ont été publiés aux alentours de son centenaire mais La ballade du soldat Odawaa s'en détache par son approche aussi différente qu'originale. A découvrir pour les admirateurs des auteurs...et ceux des références précitées !