Auracan » chroniques » Le partage des mondes
Le partage des mondes, par Olivier Grenson (Le Lombard)

Le partage des mondes

Scénario, dessins et couleurs : Olivier Grenson

Le Lombard

Un émouvant conte à partager

Londres, septembre 1940 alors que les bombardements font rage, la jeune Mary de retour d’une pension écossaise échappe aux accompagnateurs, allant à la recherche de sa maman qui devait la récupérer.

Elle tombe devant un vieux monsieur dénommé Isaac et celui-ci s’enquiert instamment de connaitre les raisons de la course effrénée de cette gamine sur les trottoirs de Londres. Alors qu’il tente de la rassurer et de prendre la mesure de l’évènement, la sirène d’une alerte aérienne retentit à leurs oreilles, les incitant à se réfugier dans le métro, abri le plus proche.

Les voilà assis dans les couloirs du métro, blottis l’un contre l’autre et Isaac pour calmer les angoisses de Mary et créer diversion, décide de lui narrer un conte fantasmagorique qui tourne autour de l’arbre aux mille couleurs qui se coloriseraient grâce aux oiseaux se posant sur ses branches. Il faut souligner que le vieil Isaac est un jardinier londonien en retraite et que toute sa vie a été consacrée à la nature et l’importance qu’elle revêt dans une métropole. Mary ne tarde pas à être subjuguée par le récit d’Isaac et finit par oublier, ne serait-ce qu’un instant, les affres du Blitz qui sévit sur Londres.

Les demandes réitérées auprès de Scotland Yard pour savoir si la mère de Mary s’est manifestée auprès des autorités pour la perte de sa petite fille restent vaines et Isaac s’avère décontenancé, se demandant ce qu’il va bien pouvoir faire de cette enfant apeurée.

Après l’excellent La Fée assassine scénarisé par Sylvie Roge, son épouse, Olivier Grenson s’empare de fort belle manière du récit touchant d’une rencontre improbable entre cette enfant et un vieillard qui pourrait être son grand-père. On s’émouvra de la complicité qui va naitre entre les deux êtres, l’insouciance de l’enfance transportée par le conte et la dure réalité de la guerre que la vieillesse tente de faire oublier par sa fiction.

Les dialogues forts sont remarquablement mis en images, et Olivier Grenson emporte le lecteur dans son univers féérique contrastant avec une ville vivant aux rythmes des bombes. Clairement, une belle réussite comme sait si bien le faire cet auteur.

 

 
Partager sur FacebookPartager
Bernard Launois
05/04/2024