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L’Encre du Passé, par Antoine Bauza, Maël, collection Aire Libre (Dupuis)

L’Encre du Passé

Scénario : Antoine Bauza
Dessins et couleurs : Maël

Dupuis, collection Aire Libre

« À l’ombre des cerisiers, l’homme lègue le savoir à l’enfant. »

Paul Herman a mis en lumière les innombrables inspirations croisées entre l’Europe et le Japon dans la BD dans son bel ouvrage Regards croisés en BD Europe Japon paru chez Glénat. Le dernier exemple est sorti chez Dupuis dans sa prestigieuse collection Aire Libre. Autant dire de suite que cet album de 78 planches est particulièrement réussi pour les amoureux tant du Japon que des histoires émouvantes et chargées de sens. L’Encre du Passé est un récit sensible autour de la création artistique, la transmission, la quête de sens et l’amour.

Au 17e ou 18e siècle, lorsqu’Edo (futur Tokyo) prend la suprématie sur Kyoto, la capitale impériale, l’éminent calligraphe Môhitsu Hideo erre d'un village à l'autre à la recherche de l’inspiration perdue. Lors d’une halte dans le petit village d’Iromura, il est séduit par le don pour la peinture d’Atsuko, une jeune teinturière. Sa sagesse convainc ses tutrices Hiroko et Osugi de le laisser la conduire à Edo pour qu’elle y fasse son apprentissage auprès de Nishimura, un grand maître de ses amis. Débute alors un chemin initiatique où le maître calligraphe transmet son savoir à son apprentie qui nourrit en retour sa propre philosophie.

Nul besoin de parler de Samouraï aux sabres pour évoquer le Japon
. Tel est l’avis du jeune scénariste Antoine Bauza dont c’est le premier album BD. Son récit parfaitement documenté traduit sa passion pour le pays du Soleil levant. Il choisit un décor ancestral peint de manière sensible et légère, détaillée et crédible dans les moindres détails par Maël. Aidé par un découpage harmonieux et sobre, son dessin est tout simplement splendide bonifié par à une mise en couleurs lumineuse à l’aquarelle.

L’album se feuillette comme un livre d’estampes traditionnelles. Il se lit et se relit pour en apprécier les textes, les non dits et les dessins somptueux. Les auteurs ont gagné la confiance de Pascal Krieger, grand expert ès calligraphies qu’ils avaient consulté et qui s’est proposé de les réaliser. Cette calligraphie que le lecteur découvre comme un art difficile à part entière joue un rôle évidemment essentiel dans le récit.

Une parfaite réussite à tout point de vue
.

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Manuel F. Picaud

À noter le superbe tirage de tête avec jaquette numéroté à 777 exemplaires contenant un dessin tiré inédit imprimé sur Modigliani 260 grammes.

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23/07/2009