Awrah
Tome 2 : Le Maudit
Scénario : Christian Simon et Fuat Erkol
Dessins : Ana Luiza Koehler
Couleurs : Guy Raives
Daniel Maghen
Vengeance tragique
En se lançant dans l’édition d’albums BD, après s’être fait la main sur de très beaux livres sur la BD, Daniel Maghen, l’un des principaux galeristes parisiens spécialisés dans le 9e art, avait un œil évidemment affuté sur le dessin. Aussi sa collection comprend des coups de cœur dans des genres très différents. Awrah est non seulement dessiné avec un charme fou par la brésilienne Ana Luiza Koehler, mais constitue une histoire pleine de sens comme un conte des 1001 nuits. Le second volet plein de surprises renforce encore la bonne impression du précédent volet.
Le jeune orphelin Tahar survivait grâce aux larcins dans la ville de Bassorah. Il échappa à une lourde peine grâce à la protection du riche Maître Nassim qui l’éleva comme son fils, à l’étonnement des enfants légitimes Mounir et Aicha. Plus tard, la rencontre de cette famille avec Miskin un mendiant énigmatique et Nadia une jeune berbère envoûtante va accélérer leur destin. Tahar est emprisonné pour le meurtre de Mounir et attend l’heure de son exécution. Mais Miskin, décidément plein de ressources, réussit à le faire évader de prison. Apparemment pas sans arrière pensée…
Emporté par la présentation des personnages bien campés et des décors somptueux, le lecteur est entraîné dans une véritable rêverie dans le premier volet. Pourtant, l’accélération de l’action tourne au drame incompréhensible. La fin du diptyque était donc très attendue. Elle tient ses promesses en conservant cette atmosphère onirique, mais révélant progressivement une machination sombre qui remonte à de nombreuses années. Les auteurs Christian Simon et Fuat Erkol creusent parfaitement la psychologie des personnages. Ils introduisent des scène de flash back qui prennent tout leur sens dans le dénouement final. Il faut simplement se laisser aller et suivre le voyage proposé et surtout se laisser bercer par le dessin à la fois énigmatique et envoûtant d’Ana Luiza Koehler, dans des tons pastels particulièrement bien choisis par Guy Raives qui réalise une délicate mise en couleur directe.
Un vrai conte oriental à découvrir sans hésitation.