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Pourquoi les baleines bleues..., par Emmanuel Moynot, collection Aire Libre (Dupuis)

Pourquoi les baleines bleues...

Scénario, dessins et couleurs : Emmanuel Moynot

Dupuis, collection Aire Libre

Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s’échouer sur nos rivages ?

Contrairement à ce que le titre laisse suggérer, le nouvel album d’Emmanuel Moynot ne parle guère d’écologie ou d’environnement. Si d’environnement il s’agit, c’est bien celui du petit monde littéraire germanopratin riche en egos, au travers de quelques pages de la rencontre de deux écrivains.

Par le menu : Simon Breuil est un jeune écrivain à succès, un de ceux qui ont la plume facile, certes à travailler, mais qui, pris en charge à bon escient par un bon éditeur, deviennent, tels les yearlings que l’on vend à Deauville, des poulains de bon rapport. Il est marié à une femme qui a pressenti l’opportunité, s’envoie en l’air avec son éditeur, qui est une éditrice - et d’ailleurs, n’est-ce pas plutôt dans le sens inverse, on s’attache les écrivains en devenir comme on peut, n’est-ce pas ? Comme le dit Moynot lui-même, «on peut dire que Simon Breuil est un jeune extrêmement ambitieux, conscient de sa valeur, et bien décidé à en tirer le maximum».

Un jour, vaquant à sa vie d’auteur avec prétention, détachement et cynisme, traitant les autres avec dédain, il croise la route d’un dinosaure - d’une baleine ? - américain, James B. Whales, sorte de monstre sacré de la littérature outre-Atlantique, traitant Burke et Denis Lehane de « peigne-culs » et de « jean-foutre » - allez, cherchez un peu de quel écrivain réel il s’agit. Ils se sont rencontrés une première fois à Los Angeles, attrait réciproque, pour des raisons que l’on devine éloignées ; ils se revoient à Paris. Ils vont devenir… amis ?

À tout le moins, se côtoyer pour les besoins de l’album. Et Paris, c’est comme Los Angeles, n’est-ce pas ? Une ville de tous les possibles. Une ville où Simon Breuil va apprendre qu’il est si difficile de grandir, de devenir VRAIMENT écrivain, d’exister, tout simplement. C’est sombre, très sombre, bon comme un bon roman noir qui vous laisse un arrière-goût de nausée jubilatoire dans la bouche.

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Mickael du Gouret

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L'année dernière
14/09/2006