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La Marie en plastique : Première partie, par Pascal Rabaté, David Prudhomme (Futuropolis)

La Marie en plastique

Première partie

Scénario : Pascal Rabaté
Dessins et couleurs : David Prudhomme

Futuropolis

Et Marie pleura ses larmes de sang dans le salon…

Chaque famille a ses petits défauts. On n’y prend pas vraiment garde, ils font des habitudes, etc. Cela ne devient un problème que si un défaut en vient à se mettre en opposition frontale avec celui du voisin. Papi et mamie, par exemple, ça fait des années que la question de la religiosité de l’une dérange l’autre, plus versé dans le pastaga et les réunions de cellule. Mais tant que chacun reste dans son pré carré – grenouillage de bénitier-reniflage de soutane d’un côté, soirée de rouges de l’autre –, tout va bien. Ouais, sauf que cette fois, quand mamie est revenue de pèlerinage de Lourdes, sa foi lui avait mis la rage au cœur et l’envie de semer la zizanie. Comme disait le papi, elle avait peut-être avalé l’eau bénite de travers. Résultat, elle n’a pas respecté le minimum syndical. Patatras, la guerre était déclarée.

Pascal Rabaté avait déjà honoré le monde de la BD de superbes Petits Ruisseaux il y a peu chez le même éditeur, il remet ça avec ce scénario pas piqué des vers, et se fait fort accompagner par David Prudhomme au dessin. On avait vu ce dernier plutôt dans des ambiances moyenâgeuses, on le voit ici à une manœuvre plus moderne, et son trait très dépouillé est des plus charmants, la tentation minimaliste convient parfaitement au genre, l’on sent la force des regards, les haines qui couvent, la tempête qui s’annonce et qui promet d’être grosse, de celles qui entrent dans les sagas familiales la tête haute.

Et l’on se demande si les personnages ne descendent directement du monde réel, une de ces odeurs de fumier familial comme tout un chacun les a éprouvées, un goût de déjà-vu, de tellement près de chez-nous que, non, ce n’est pas possible, rien n’est inventé. Enfin… Le duo nous joue là un air de première, et si cette Marie en plastique se dilue dans le sang divin, elle est loin d’être biodégradable dans le trauma familial !!! Vivement le tome 2.

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Mickael du Gouret

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23/10/2006