Le Singe qui aimait les fleurs
Scénario et dessins : Jean-Paul Krassinsky
Couleurs : Laetitia Schwendimann
Dargaud, collection Poisson Pilote
Les Fleurs du singe
Un singe peut-il aimer les fleurs ? Tel est le sujet animal que Jean-Paul Krassinsky lance dans cet album. Si la nature porte le lecteur a priori à croire que tel n’est pas le cas, la présente lecture sème le doute, tant Vernish, notre héros, égaie de sa fraîcheur et sa naïveté florales cette jungle profonde dont le même lecteur apprendra dans quelques pages qu’elle se situe quelque part en Asie et qu’elle servit de terrain d’affrontement entre soldats états-uniens et japonais.
Bon, mais alors ? Jean-Paul Krassinsky, qui a montré son sens aigu de l’à-propos dans Les Cœurs boudinés, qui a fait preuve avec Laetitia Schwendimann et Calvo d’un humour débridé dans AK, révèle une autre facette de sa personnalité : une passion presque démesurée pour la gent simiesque, précisément les nasiques de Bornéo. Et quelle passion ! Cet intérêt remonte à son enfance, lui a fait collectionner les vidéos de documentaires sur les animaux, lui a fait courir les librairies de France et de Navarre. Il deviendra même un habitué d’une célèbre librairie londonienne spécialisée dans le secteur du voyage...
L’idée de mettre en scène ces nasiques est un sujet qu’il a porté pendant longtemps, et cet aboutissement est bien loin de ce qu’il a réalisé jusqu’à présent. Il en profite pour glisser quelques incongruités, comme le Coca-Cola : l’effet du breuvage qui paraît positif dans un premier temps s’avère largement néfaste sur la durée. Une comédie humaine autant qu’animale, qui raconte les méchancetés et les faiblesses des hommes à travers le prisme de nos cousins, un opus plein de poésie, de tendresse autant que de violence, de réalisme, un album aussi gai qu’émouvant. Et toujours avec cet humour décalé, qui caractérise son auteur, un énorme éclat de rire, une sensibilité à fleur de poil.