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Pauline (et les loups-garous), par Appollo, Stéphane Oiry (Futuropolis)

Pauline (et les loups-garous)

Scénario : Appollo
Dessins et couleurs : Stéphane Oiry

Futuropolis

Tout n’est qu’une question de hasard

Pauline et Angus - il s’appelle Jean-Christophe en réalité, mais il n’aime pas son prénom, et ses copains l’ont surnommé Angus, « à cause du guitariste d’AC/DC » - sont en voiture quelque part sur une autoroute, direction la Vendée. Angus a fait quelque chose de grave, il y avait du sang, pas d’autre choix que fuir, le plus vite possible, le plus loin possible, même si Pauline pense que « c’est juste un fait divers de rien du tout ». Ils atterrissent sur la côte, un petit village où personne ne va en hiver, aux faux airs de Saint-Gilles-Croix-de-Vie… Avec un rêve en tête : se faire oublier quelque temps, travailler et mettre de l’argent de côté puis s’envoler vers le Canada.

Le temps passe, et le jeune couple se fait oublier, donc. Pauline travaille chez Gastromer (la société existe réellement, un peu au nord de Saint-Gilles, à Notre-Dame-de-Monts). Angus, lui, traîne de droite et de gauche, s’ennuie grave la journée et aimerait s’éclater la nuit, quand des occasions sympas se présentent. Une fois déjà il n’avait pas pu, parce que Pauline était fatiguée et voulait dormir, alors cette fois-ci, pas question qu’elle dise non. « Putain », être invité à une fiesta de motards, et pas n’importe lesquels : les Hells Angels, branche « loups-garous » ! Mais cette fête sera-t-elle vraiment ce qu’elle devrait être ?

Appollo propose un scénario impeccable, riche de références, notamment musicales. Il raconte un jeune couple en formation, en équilibre précaire dès le départ, une accalmie de temps à autre ensuite, mais toujours le dérapage à l’affût, à n’importe quel coin de rue. Voilà deux post-ados, pas encore majeurs, à la dérive, tentant tant bien que mal de sortir de la mouise, essayant de garder la tête hors de l’eau. Et même quand ce dérapage de l’histoire arrive, il surprend, parce qu’il n’est pas là où il aurait dû être. Pourtant, il y avait des signes, mais les protagonistes comme le lecteur ne voulaient pas les voir.

Le dessin de Stéphane Oiry sert cette histoire à merveille. Il réalise de beaux décors, qui donnent l’impression d’espaces ouverts, presque sans fin, d’autres fois étriqués, presque oppressants - un effet parfois renforcé par le cadre des vignettes. Un bien bel album, donc, qui raconte un Eldorado pas si loin, à condition de ne pas faire de mauvaises rencontres.

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Mickael du Gouret

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