Entretien avec François Boucq et Yves Sente

Yves Sente

François Boucq

Avec le Janitor -portier ou gardien de porte en latin-, Yves Sente (Blake et Mortimer) et François Boucq (Bouncer) nous invite dans les coulisses du Vatican, plus précisément au cœur de ses services secrets.

Le Janitor TRIAS : le 007 du Vatican

Le sujet du Janitor est né dans l'imagination de François Boucq, le dessinateur, qui est aussi coscénariste de cet ouvrage :

« L'idée de développer une histoire contemporaine sur ce qui pourrait s'apparenter aux descendants des moines guerriers, m'intéressait. Le Vatican est un cadre qui permet de toucher à tout : le pouvoir, l'ésotérisme, la spiritualité... Avec ses religieux dispersés aux quatre coins de la planète, cet état possède potentiellement un réseau d'informations aux multiples sources. En faisant du personnage principal un agent des services secrets du Vatican, nous avons la possibilité de lui faire vivre des aventures dans le monde entier. »

Grand amateur de thrillers bien ficelés et bien documentés, Yves Sente a saisi l'occasion pour se lancer dans un récit contemporain, qui l'emmenait loin des récits plus marqués historiquement que sont "Blake et Mortimer" (années 1950) et "La vengeance du Comte Skarbek" (19e siècle). A l'instar de Dan Brown dans son Da Vinci Code, le scénariste a essentiellement voulu être crédible :

« L'univers du Vatican est très complexe. Plus je lis, plus je me documente sur le sujet, plus j'ai à apprendre. C'est très enrichissant. Mais la documentation a ses limites et c'est là que le travail de créatif entre en compte. Comme il s'agit d'une fiction, on peut se permettre d'inventer toutes sortes de choses. L'important est de rester crédible. »

Des cascades spectaculaires

Et le résultat est convaincant. Bien qu'il y ait peu de chance que l'ordre des 12 Janitores existe réellement.

Même s'il n'a pas le permis de tuer (ce n'est pas un religieux, mais il travaille pour l'Eglise), Vince, le héros de cette, peut-être, série (seul un diptyque est actuellement prévu) est une sorte de James Bond. Poursuites en voiture, cascades (un bus à la mer), décors variés (Malte, Rome, Beyrouth, San Diego), conquêtes féminines (il s'envoie en l'air avec une hôtesse de l'air)... Il ne manque que la rutilante voiture et les gadgets. Cependant, les auteurs ont voulu donner de la profondeur à leur personnage, explique Yves Sente :

« Contrairement à James Bond dont on ne connaît rien sur le passé, nous avons voulu imaginer sa vie jusqu'à sa première apparition dans l'histoire. Nous en suggérons déjà quelques éléments dans "L'Ange de Malte". Cela se précisera au fil de l'intrigue. On verra quel homme est derrière cette fonction de Janitor. »

Vince s'invite dans la chambre d'une hôtesse de l'air

Et François Boucq poursuit :

« Vince a des informations de deuxième main sur sa vie. Et le lecteur va découvrir en même temps que lui des facettes de sa véritable existence. Nous voulions lui donner un aspect humain. Il est athlétique, jeune, séduisant, mais il doit être capable aussi bien de se battre que de s'interroger. »

Les auteurs projettent d'aller à Rome en repérages pour découvrir sa boulangerie, sa pizzeria préférée, la rue où il habite... On ne sait pas si leur conscience professionnelle va les pousser à retrouver l'hôtesse de l'air qu'il a séduite.

Un ange gardien personnifié par une petite fille à robe jaune

Un personnage étrange, une petite fille, apporte une touche fantastique au récit :

« Ce personnage va permettre de sortir d'embûches en amenant une autre lecture de l'histoire. On peut considérer que cette gamine agisse comme un ange gardien. Notre récit comporte deux niveaux de lecture. Au premier plan, l'aventure et au second, les dessous du personnage principal. C'est dans ce deuxième niveau qu'intervient la petite fille. » complète François Boucq.

La réalisation graphique devrait se terminer en juin prochain. Ce qui laisse présager que la seconde partie, intitulée "Week-end à Davos", sortira vers la fin 2007.