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Vous
êtes ami avec Gine et Convard, les auteurs de Neige où
vous êtes un personnage à part entière dans deux albums. C'est
une surprise qu'ils vous ont faite ?
J'ai eu cet honneur ! Ce n'était pas tout à fait une
surprise puisque même le nom du doge, Nostrorom, leur a été soufflé
plus ou moins directement. Un jour où Didier et Christian était
à la maison, ils m'ont demandé quelques photos de moi. Il est
difficile de dessiner quelqu'un de mémoire. Moi-même, quand je
dessine quelqu'un que je connais, je me sers de photos. Au départ,
ils voulaient même appeler le doge Gilles Chaillet ! En leur parlant
de ma passion pour l'histoire romaine, je leur ai dit que quand
j'étais môme au lycée la prof d'espagnol m'appelait "Nuestro Romano".
Didier, qui a toujours l'oreille à l'affût, s'est dit que ça ferait
un bon nom pour le doge. Comme en italien, on dit Nostro Romano,
il en a fait Nostrorom.
En
2000 est paru Le Triangle Secret de Convard qui traite
de franc-maçonnerie et de complots au Vatican. Chaque tome est
l'occasion pour un auteur confirmé d'y participer en réalisant
un long flash-back historique, et vous avez été le premier invité.
Vous avez illustré les rapports entre Philippe-Auguste et les
Templiers. Comment cela s'est-il fait ?
C'est Christian Gine qui m'en a parlé le premier. Il m'a annoncé
à Angoulême que Didier Convard était en train de préparer quelque
chose de formidable, et qu'il aimerait que j'y participe. Quinze
jours après, je recevais le synopsis et le découpage du premier
tome et le résumé de la suite. J'ai tout de suite appelé Didier
tant cette histoire m'a passionné comme certains Jacobs que je
lisais plus jeune.
Pour
beaucoup, c'est un des bons scénarios de l'année, malgré les différences
de qualité entre les dessinateurs.
C'est certain, mais le dessin du jeune Falque a bien progressé
dès le second tome. On a rarement vu ça ! Il avait un style semi-réaliste
sur ses albums précédents, édités par Delcourt. Je ne sais pas
pourquoi Glénat l'a choisi pour dessiner le volet contemporain
de la série. Il a fallu qu'il travaille dur pour insérer son style
dans la collection. Cette fois, il a vraiment compris le truc,
Didier l'a bien aidé, et le résultat est vraiment remarquable.
Convard
semble bien diriger ses dessinateurs : vos cadrages, vos compositions
sont assez différents de ce que vous faites sur Vasco.
Sans doute, elles sont plus resserrées sur les personnages. C'était
intéressant pour moi, et matière à réflexion pour la création
d'autres choses. Il a le don, par insinuations, d'amener ses dessinateurs
à faire ce qu'il a envie de voir, sans être dirigiste pour autant.
Il m'a obligé à me poser des questions sur les cadrages, sur la
façon de présenter les personnages. Alors que dans Vasco,
j'ai un peu tendance à faire cela presque inconsciemment, tant
c'est un prolongement de moi-même. Dans Lefranc, je ne
me posais pas non plus ce problème parce que Martin est particulièrement
dirigiste ! Ici, il fallait que je trouve le truc qui serve le
scénario de Didier, l'expérience s'est révélée passionnante.
Vous
n'êtes pas un peu frustré que votre collaboration avec Didier
Convard s'arrête là ?
J'avoue que
si les journées faisaient 48 heures, ça me plairait bien de faire
quelque chose avec lui. Les scénaristes ont plus de chance que
les dessinateurs : un scénario est plus rapide à écrire qu'un
album à dessiner.
Illustration extraite de la planche 4 de Vasco:
Les Ombres du Passé (à paraître) ©
Chaillet, Le Lombard
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