A qui vous adressez-vous avec cette série
?
D : Aux jeunes et aux filles (rires) !
LG : C'est un constat ! Publiés dans la
collection jeunesse de Pointe Noire, on s'adressait
aux jeunes. Mais lors des séances de dédicaces,
nous constatons que nos lecteurs ont entre cinq et vingt
ans. Et c'est souvent des filles. Sans oublier les familles
qui craquent pour Chamouraï.
Comment l'expliquez-vous ?
D : Nous voulions réaliser avec cette
série un style mignon, doux. Pour ma part, je
voulais réaliser des albums très colorés
pour qu'ils soient attractifs. On a repris le vieux
thème des chats et des souris mais de façon
adoucie : nos chats s'entendent bien avec les souris.
LG : Mais en même temps, il y a de nombreux
morts dans nos histoires. Dans le premier, il y en a
une quarantaine, quelques-uns uns dans le second. Il
y a beaucoup de violences dans les combats mais nous
tenons à ce que cela reste mignon pour être
acceptable.
Votre rythme est rapide : vos albums font 32
pages
D : C'est un format qui nous a paru difficile.
Tarek est habitué à écrire des
séries adultes, dans des formats de 54 planches.
Nous nous sommes senti frustré de ne pouvoir
développer davantage nos histoires. Il faut toujours
un peu de temps pour mettre en place une narration,
mais ce format nous oblige parfois à résumer
une action sur une page alors qu'on aurait aimé
la conter sur trois.
LG : Comme on ne veut vraiment pas prendre nos
lecteurs pour des imbéciles, nous désirons
vraiment que chaque page ait son utilité, qu'il
s'y passe quelque chose. On veut éviter ce qui
arrive dans beaucoup de bd d'aujourd'hui où il
y a pas mal de remplissage.
Et le troisième tome ?
LG : Il est en cours de réalisation, le
découpage est fini. J'ai déjà réalisé
plusieurs planches mais je vais devoir les refaire car
mon chat a pissé dessus (rires). Je l'aurai terminé
fin avril, il sera mis en couleur en juillet et sortira
en septembre.
Et hormis Chamouraï, avez-vous d'autres
projets ?
LG : Oui, nous avons des choses en cours. Chamouraï
étant notre première série, il
fallait le temps de la mettre en place. Pour ma part,
j'ai une quinzaine de projets (rires). Sérieusement,
trois sont bien avancés. Pour ces projets, je
me charge également du scénario. Travailler
avec Tarek m'a énormément appris, cela
me permet d'avancer dans mon propre travail d'écriture.
J'ai un projet futuriste un peu décalé
que j'espère faire paraître à l'automne.
J'ai aussi une idée de série d'héroïc-fantasy
très sombre, très violente mais traitée
avec mon graphisme doux. Enfin, le principe du gaufrier
qu'utilise Sfar me tente beaucoup, cette façon
de dessiner des planches de six cases. J'ai envie de
m'essayer à l'exercice, j'aime beaucoup les résultats
qui sont obtenus par ce genre d'auteurs.
D : En co-scénario avec Tarek, je prépare
un diptyque qui s'appellera Carnaval. Ce sera l'histoire
du parcours initiatique d'une petite fille perdue dans
un carnaval. Traité de façon fantastique,
le cur du carnaval constituera un espace intemporel
où cette petite fille rencontrera divers personnages.
La morale pourrait être de ne pas se fier aux
apparences. Il s'agira d'un semi-collectif : scénario
de Tarek et moi-même, j'assumerai dessins et couleurs,
et divers dessinateurs y participeront épisodiquement.
Ces invités, connus ou pas, dessineront une case
sur le thème du carnaval. D'autre part, je suis
en train d'écrire une légende qui se pose
la question de savoir quelle serait l'origine des hippocampes,
et cela par le biais d'une histoire d'amour.
Propos recueillis par
Brieg
F. Haslé en avril 2002
© Auracan.com - 2002
Illustrations © Le Grümph,
Darwin, Pointe Noire
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