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Rencontre avec les nouveaux biographes de Sherlock Holmes.
Se disant respectueux de l'uvre de Conan Doyle,
Pierre Veys, le scénariste, et Nicolas
Barral, le dessinateur, nous présentent au fil
de leurs albums une version déjantée du célèbre
détective et de son ami le docteur Watson.
Hommage ou sacrilège ? Début de réponse
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Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Barral : Comme toujours, par un intermédiaire. Dans
notre cas, nous nous sommes rencontrés grâce au rédacteur
en chef de Fluide Glacial. On travaillait tous les deux pour ce
magazine, sans se connaître. Pierre écrivait des
textes humoristiques pour la "Gazette de Frémion",
et moi, je dessinais diverses histoires. Je me suis retrouvé
à un moment désuvré, et comme Pierre
Veys cherchait un dessinateur, notre rencontre s'est faite naturellement.
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D'où vous vient l'envie de redonner vie à
Sherlock Holmes sous un jour différent ?
Veys : Il s'agit d'une ré-interprétation
des saintes écritures selon Sir Arthur. Nous avons fait
une légère distorsion qui nous a semblé naturelle
puisque restant dans l'esprit du créateur du personnage.
Conan Doyle devait sûrement prendre du recul par rapport
à son personnage, le voir au second degré, chose
que les gens n'ont pas perçu. De nombreux lecteurs ont
pris Sherlock Holmes pour un personnage sérieux, alors
que Sir Arthur devait très certainement le voir comme un
trublion catastrophique.
B: Nous avons brouillé les cartes, le lecteur n'a
plus aucune certitude !
Comment avez-vous réagi au prix que vous a décerné
la très sérieuse Société Sherlock
Holmes de France ?
V: Bien. Ils ont compris que nous respections l'uvre
de Conan Doyle, que nous l'avions comprise en rétablissant
la vérité d'origine, ce second degré voulu
par l'auteur. Nous n'avons absolument pas cassé le mythe.
Pourquoi le premier tome est-il un recueil de petites histoires
alors que les deux suivants sont des histoires complètes
?
B: Initialement, Baker Street était destiné
à Fluide Glacial, d'où le fait d'avoir des récits
obligatoirement courts. Fluide n'en voulant pas, nous avons trouvé
refuge chez Spirou à qui la formule a convenu un temps.
C'est finalement Delcourt qui a réuni l'ensemble de ces
petites histoires et nous a donné carte blanche pour la
suite. Nous avons alors pris nos aises. Je ne pense pas que nous
reviendrons à la formule initiale, sauf occasionnellement,
dans Pavillon rouge par exemple.
A lire vos albums, on découvre un nouveau Sherlock
Holmes. Vous y allez fort avec ce mythe connu de nombreuses personnes
V: Et ce n'est pas fini ! On ne s'est pas mis de barrières,
mais nous suivons une certaine discipline : nous restons dans
une certaine couleur, un certain ton propre à Conan Doyle.
Seulement, avec nous, les choses commencent bien et se terminent
toujours mal !
Comment présenteriez-vous le troisième tome
?
B: C'est parti d'une envie commune de faire voyager les
personnages. Ce schéma plus détendu, d'aventures,
permet d'aborder un nouveau style d'histoires en mettant Holmes
et les autres dans des situations inattendues.
V: L'empire britannique étant alors très
étendu, il n'y avait aucune raison que nos personnages
restent entre quatre murs à Londres.
Ce troisième tome appelle une suite
B: Oui, cette aventure débridée nécessitait
d'avoir de la place. Il faudra que les lecteurs attendent jusqu'au
prochain album pour connaître le fin mot de l'histoire.
Nous ne dévoilerons ici rien de la suite : question de
déontologie !
V: Il s'agit d'un récit en deux volumes. A chaque
fois, le lecteur attend une surprise. C'est pour cela que nous
donnons peu de détail quand on nous demande de parler d'un
album. Ce n'est pas pour se réfugier dans la coquetterie,
mais simplement pour préserver une des composantes de notre
travail. On n'est jamais sûr de rien. On ne triche pas avec
nos lecteurs, mais ils ne sauront rien avant. Ne comptez pas sur
nous pour vous dévoiler certains aspects du prochain album
!
Nous ne saurons donc rien
B: Vous voulez que les choses transpirent ! Et bien écoutez,
je peux vous parler du troisième tome (rires). Contrairement
à ce qui c'est déjà produit, Holmes n'a pas
une enquête à résoudre, mais il est chargé
d'une sorte de mission de protection rapprochée.
V: Holmes a plus d'un tour dans son sac. Comment va-t-on
surprendre le lecteur ? Evidemment, nous avons préparé
le coup. Nous ne dirons rien de plus, nous sommes vraiment infernaux
(rires).
Vous avez beaucoup d'idées pour la suite de la série
?
B: Ah oui ! De nombreux endroits où amener Sherlock
Holmes et de nombreuses situations à lui faire vivre.
V: C'est même pire que çà. Nous sommes
confrontés à une bousculade de priorités
! Nous sommes pressés de les raconter.
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