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L’Écume des jours, par David Morvan assistée de Frédérique Voulyzé, Marion Mousse, collection Mirages (Delcourt)

L’Écume des jours

Scénario : David Morvan assistée de Frédérique Voulyzé
Dessins : Marion Mousse

Delcourt, collection Mirages

En attendant le film...

Dans la belle collection d'adaptation littéraire, Mirages, chez Delcourt, dans un format roman graphique, Jean David Morvan a pu transposer en bande dessinée le chef d’œuvre de Boris Vian, L’Écume des jours, publié en 1947 chez Gallimard. Après l'opéra, le théâtre, le cinéma, le spectacle vivant, il est donc donné au neuvième art de s'emparer de ce magnifique roman social et romantique, poétique et surréaliste, joyeux et tragique. Une nouvelle adaptation cinématographique est tournée par Michel Gondry avec une très belle distribution :  Romain Duris (Colin), Audrey Tautou (Chloé), Gad Elmaleh (Chick), Omar Sy (Nicolas), Aïssa Maïga (Alise), Charlotte Le Bon ou encore Alain Chabat. Elle devrait être présentée au moment du prochain festival de Cannes en mai 2013.

En 170 planches, cette version est particulièrement fidèle en lui conservant ses parts d'ombres et de mystères. Riche jeune homme, Colin va tomber amoureux et épouser la belle Chloé. Très vite, la jeune mariée va souffrir d'un mal au poumon. Un énorme nénuphar l'a envahie et menace sa vie. Entouré de Chick, un passionné de Jean-Sol Partre, qui vit à ses crochets, et son amoureuse Alise de Nicolas son majordome dévoué , Colin va dépenser sans compter pour la sauver... Le conte de fées vire progressivement au cauchemar.

Au-delà de l'histoire ainsi résumée, Boris Vian introduisait de nombreuses réflexions sur le travail, totalement contre nature, la religion, aux représentants cupides, le culte de la personnalité symbolisée par le philosophe, la passion ou encore la maladie qui détruisent tout. Tout rejaillit avec bonheur dans ce scénario à quatre mains de Jean David Morvan et Frédérique Voulyzé qui mettent en exergue la belle plume pleine d'humour de Boris Vian. Mais on retrouve aussi toute la fantaisie du poète que le dessinateur Marion Mousse transcrit dans un style sobre en noir et blanc. Là où on aurait vu des couleurs chatoyantes, il épure le dessin tout en réalisant de très jolis envolées stylistiques. La part de noir grandit avec la tragédie qui avance. Le résultat est captivant et les auteurs ont su conserver au lecteur sa part d'imaginaire indispensable.

Une adaptation prodigieuse.

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Manuel F. Picaud

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11/07/2012