Une aventure de Jeanne Picquigny
Tome 2 : La Patience du tigre
Scénario et dessins : Fred Bernard
Casterman, collection Écritures
La magie de Fred Bernard
Jeanne Picquigny nous revient – et Casterman a été bien inspiré de rééditer les deux premiers tomes de ses aventures en un volume dans sa collection Écritures – avec La Patience du tigre. Fred Bernard nous revient, et avec lui son imaginaire foisonnant, son écriture décalée, son dessin fin, évocateur et empreint d’une magie noire et blanche pour de nouvelles aventures de son héroïne à la personnalité bien trempée.
La Patience du tigre est la suite de La tendresse des crocodiles et de L’Ivresse du poulpe, premiers volets d’une saga riche, attachante, extraordinairement écrite et dessinée par le lauréat (par trois fois) du Goncourt jeunesse. Le lecteur retrouve avec bonheur Jeanne, Eugène, Victoire, Modeste, héros familiers de cette histoire familiale. Jeanne et l’aventure sont inséparables, il semblerait même que cette dernière lui dicte sa conduite, ses envies. Sa vie peut-être même.
Fred Bernard a construit La Patience du Tigre comme un roman populaire dans lequel le merveilleux le dispute à l’intime, le grave au sensuel, et l’humour picaresque aux considérations politiques. Véritable œuvre à clés, avec des allers et retours incessants – temporels comme géographiques –, ce roman graphique mène le 
lecteur de chapitres en chapitres, de lieux en époques très divers, à la suite de Jeanne et son époux, dans une quête personnelle et mystique pleine d’humanité et de poésie.
La force du texte (foisonnant) allié à la délicatesse du trait emportent le lecteur vers des contrées qui rappellent tour à tour Kipling (pour l’exotisme) et Truffaut (pour la mise en scène). La psychologie des personnages (la fougue, l’indépendance de l’héroïne, ses fantasmes) est fouillée, dévoilée ; les buts et les questionnements sont résolument modernes dans ce début du XXème siècle imaginé par Fred Bernard. Une période de tous les possibles, dans ce monde où règne toujours une magie certaine. Car les voyages comme les cœurs recèlent toujours des trésors, des territoires inexplorés.
La Patience du tigre est une invitation au voyage. A la magie. Au mystère.
