
Canardo
Tome 21 : Piège de miel
Scénario : Benoît Sokal
Dessins : Benoît Sokal avec Pascal Regnauld
Couleurs : Benoît Sokal
Casterman
Le pigeon piégé…
Canardo travaille pour la Duchesse du Belgambourg. Un piège a été mis en place pour contrer le ministre de la culture, Burt Boverpick. Ce dernier souhaite une union culturelle avec le Wallons pour s’opposer au parisianisme. Ce qui est mal vu dans les hautes sphères. La Duchesse ne veut pas échanger la recette de praline au chocolat fourré à la pâte d’amande de son pays contre les secrets de l’édition de bande dessinée ou la fabrication de vélo… Canardo supervise le piège qui consiste à mettre en présence Boverpick et Betty, une pute de luxe. Betty doit séduire le ministre. A une halte d’autoroute, elle doit se faire prendre en stop et, par la suite, mettre le ministre dans son lit…La chambre d’hôtel est truffée de caméras et de micros destinés à filmer la partie de jambes en l’air qui fera tomber Boverpick ! Betty parvient à se retrouver avec le ministre dans sa voiture au grand plaisir de Canardo. Mais, le mauvais temps et un accident sur l’autoroute vont dérégler le piège. La voiture cible prend des petits chemins et se déroute. Mais, la neige bloque tout et il faut trouver refuge dans un manoir isolé dont les habitants paraissent étranges…Canardo va-t-il quand-même réussir à piéger le pigeon ?
Encore une fois, Benoît Sokal fait plus que nous divertir avec ses histoires d’animaux anthropomorphes qui ressemblent à s’y méprendre à des humains. Le Colombo de la BD est de retour avec son imperméable et son humour désabusé. Benoît Sokal brosse ici des portraits ahurissants d'animaux aux sentiments humains tel ce ministre débauché. Sokal se déchaîne dans le registre de la satire dans ce huis-clos digne des plus beaux polars. Magouilles politiques, abus sont les ingrédients de cette narration dynamique. Cette fois, notre canard, alcoolique, fumeur actif, dépressif et cynique, va dénouer une situation de crise inspirée des récentes affaires de mœurs surgies dans notre agenda politique. Ce polar noir fonctionne comme une horloge suisse. L’intrigue désopilante alterne scènes hilarantes et scènes de sexe. Les pièces du puzzle n’en finissent pas de s’emboiter. Cette mécanique bien huilée a un aspect drôle et jouissif tout au long d’une intrigue à rebondissements et tirée - à merveille - par les cheveux. Canardo fait preuve de sa perspicacité foudroyante coutumière et nous tire des larmes de rire. Le dessin caricatural et expressif ne s’embarrasse guère de décors. Dans ce domaine, Sokal est secondé efficacement par Pascal Regnauld. Les histoires de Canardo sont des perles qu’il faut savourer. A chaque lecture, on découvre un détail qui nous a échappé. Les couleurs feutrées rendent parfaitement les atmosphères plombées.
Le dénouement surprenant, les dialogues mordants font de cette histoire un régal d'humour noir à savourer sans restriction. Un grand cru à savourer avec une bonne Kluutch…