Le Pilote à l'Edelweiss
Tome 3 : Walburga
Scénario : Yann
Dessins et couleurs : Romain Hugault
Paquet, collection Cockpit
Amère victoire
Alors que l'on se dirige de jour en jour vers la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, Yann et Romain Hugault clôturent avec brio leur triptyque se déroulant à cette période. Les masques tombent pour les personnages principaux du Pilote à l'Edelweiss, la supercherie entre les jumeaux Alphonse et Henri Castillac est enfin dévoilée et, dans les airs, le redoutable Erik, le pilote à l'edelweiss, fait face à son destin. Au-delà d'une aventure aérienne, Yann nous offre une histoire très humaine, avec des personnages solides et qui se teinte presque ici d'une légère touche de fantastique avec la singulière Walburga.
Graphiquement, le dessin de Romain Hugault amène une fois encore ce troisième volet au rang de super-production. Ses avions sont extraordinaires et on frise souvent l'hyper-réalisme dans leur représentation. De plus, le dessinateur démontre la capacité, dans son accord avec le scénario de Yann Lepennetier, à mettre en images des scènes encore jamais vues, comme celle du défilé de la victoire ou l'audacieuse et céleste image en pleine page 28. Des caractéristiques qui concourent aussi parfois à offrir à ce récit une dimension allégorique.
Pourtant, pas de doute, les auteurs ont construit leur histoire sur une documentation en béton. Qu'il s'agisse des machines volantes, de certaines pratiques au sol (comment résister aux effets des gaz sans masque anti-gaz ?) ou d'équipements et uniformes à l'esthétique que l'on qualifierait aujourd'hui de "steampunk", Yann et Hugault nous offrent décidément une très belle plongée dans l'Histoire. À moins d'être un passionné de la période, il est difficile de ne pas être surpris par cette vigile installée au sommet de la tour Eiffel ou de ne pas être impressionné par les énormes bombardiers allemands aux allures d'insectes géants.
On pourra juste regretter un tic récurrent dans les dialogues du prolifique scénariste. En effet, si ceux-ci, dans d'autres albums, jouent avec les expressions et termes étrangers pour faire "couleur locale", ils se colorent dans Le Pilote à l'Edelweiss d'un côté rétro-franco-franchouillard qui sonne un rien caricatural. Etait-ce vraiment indispensable par rapport au contenu et à la qualité globale du récit ? Walburga referme un beau triptyque à lire et... à regarder. N'oublions pas que le dessin de Romain Hugault a quand même, depuis ses premières publications, entraîné un joli renouveau, dans le genre relativement fermé de la BD aéronautique.