Auracan » chroniques » Mille Tempêtes
Mille Tempêtes, par Tony Sandoval, collection Calamar (Paquet)

Mille Tempêtes

Scénario, dessins et couleurs : Tony Sandoval

Paquet, collection Calamar

Ange et démon

Lisa a, auprès des enfants du village, la réputation d'être une sorcière. Elle vit chez sa tante, n'a que peu de souvenirs de ses parents. Lisa collectionne des petits os trouvés dans la nature et des cailloux étranges. Un jour, elle découvre un casque antique, passe entre les branches d'un arbre étrange et ouvre une porte vers un autre monde, une porte qui aurait dû rester fermée...

Tony Sandoval poursuit ses déclinaisons du fantastique avec ce roman graphique qui a déjà bénéficié, en février, d'une première édition limitée en noir et blanc. On retrouve dans Mille Tempêtes des thématiques chères à l'auteur. Le fantastique lui permet en effet d'illustrer le passage de l'enfance à l'adolescence, la solitude, les questionnements d'une jeune héroîne sur sa différence... Des aspects déjà abordés, notamment, dans Le Serpent d'eau.

Depuis ses débuts, autodidacte, l'auteur d'origine mexicaine a véritablement développé un style personnel, mariant diverses influences. Tant dans son mode narratif que dans sa mise en images. En effet, si on peut deviner une touche mexicaine dans sa manière d'aborder le genre fantastique, des éléments nettement plus nordiques sont également perceptibles. Tony Sandoval construit son histoire très progressivement, en la centrant - peut-être un peu trop car c'est parfois au détriment d'autres personnages au sujet desquels on aurait aimé en savoir plus - sur l'étrange Lisa. Étrange aux yeux des autres, l'auteur parvenant à la rendre rapidement attachante, dans sa fragilité, au lecteur.

Graphiquement, Sandoval alterne les techniques en fonction de son récit. Certaines planches sont traitées de manière classique, d'autres laissent la place à des aquarelles, parfois en format pleine page, quelques-unes privilégient la bichromie... Les créatures monstrueuses au service du diable Ojdre évoquent quant à elles tout autant certains personnages de Jim Henson que les démons et damnés de Jérôme Bosch.

Certains reprocheront peut-être à Tony Sandoval de "faire du Sandoval", mais l'auteur maîtrise son langage et, encore une fois, sa poésie sombre se révèle envoûtante.

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens

Du même auteur :

Le Cadavre et le sofa, par Tony Sandoval Le Serpent d'eau, par Tony Sandoval

Du même scénariste :

Les Échos invisibles - T2, par Tony Sandoval, Grazia La Padula

Pour en savoir plus : Los Monstruos de Tony, le blog-portfolio de Tony Sandoval

07/07/2015