Manuel de la jungle
Scénario : Nicoby, Joub et Copin
Dessins : Nicoby
Couleurs : Joub
Dupuis
Anxiogène ?
Deux auteurs de bande dessinée peuvent-ils survivre dans la jungle ? Partis quelques jours en pleine forêt guyanaise avec deux copains baroudeurs, Joub et Nicoby font leur retour aux sources. Chasse, bivouac, cueillette, excursions et trouille bleue s'inscrivent au programme de ce reportage qui conduit nos deux auteurs au coeur d'une nature exubérante mais aussi de plus en plus menacée par l'homme et son exploitation déraisonnée des ressources.
Après leur épatante visite Dans l'atelier de Fournier, Nicoby et Joub se plongent dans une aventure nettement plus périlleuse avec cette immersion dans la jungle de Guyane emmenée par Olivier Copin. Sortir d'un atelier d'auteur de BD pour se plonger dans ce qu'on appelle (parfois à raison) l'enfer vert n'est pas ce qu'il y a de plus simple. Le duo est confronté aux dangers de la jungle, à ses propres peurs, doit se mettre au diapason de la rudesse de ses guides et prend surtout conscience de la fragilité de la forêt et de son écosystème face à une présence de plus en plus massive d'orpailleurs clandestins. Ces derniers, souvent poussés par la misère et eux-mêmes exploités, n'ont aucune conscience des conséquences de leurs actes sur ce poumon vert de notre planète.
On suit avec plaisir les pérégrinations de cet attachant duo dans un épais (140 pages) Manuel de la jungle qui évoque plutôt un carnet de voyage décliné en BD, ponctué de fort belles aquarelles. Comme le souligne Etienne Davodeau dans sa préface, certaines anecdotes sont peut-être exagérées, mais "se balader dans ces endroits-là, c'est aussi mettre en jeu des choses que l'on tient pour acquises dans notre existence métropolitaine. C'est une expérience unique et très racontable."
Et puis, alors que de très nombreux albums de BD ont la forêt tropicale pour cadre des aventures narrées, cette fois ce sont des auteurs plutôt que leurs robustes héros qui en font l'expérience. Nicoby et Joub ont sans aucun doute été séduits par leur sujet et nous offrent le résultat de leur périple. Peut-être s'attardent-ils parfois trop longuement sur tel ou tel point qui peut paraître secondaire au profane. On le leur pardonnera au bénéfice de leur expérience même si cela nuit parfois au rythme de leur récit. Mais le résultat, cependant, reste fort sympathique, parfois touchant et sort des sentiers battus, au propre comme au figuré !