Ciel de guerre

Tome 3 : Alerte en Syrie

Scénario : Philippe Pinard
Dessins et couleurs : Olivier Dauger

Paquet, collection Cockpit

La campagne du Levant

Syrie, mai 1941. Duels à 5.000 m ou mitraillages au ras du sol, une lutte sans merci s’engage entre Gaullistes et Vichystes. Point d’orgue de cette rivalité fratricide : l’affrontement en plein ciel de deux anciens équipiers, André Marceau volant sous cocardes anglaises et Etienne de Tournemire resté fidèle au régime de Vichy. Si le combat tourne à l’avantage de ce dernier, c’est pourtant Marceau qui aura le dernier mot. Le 12 juillet 1941, l’armée du Levant capitule et signe un armistice, mettant un terme à la « campagne du Levant ». Les Gaullistes, magnanimes, invitent leurs anciens adversaires à les rejoindre pour faire cause commune contre l’Afrika Korps de Rommel, mais la plupart déclinent l’offre...

À travers les aventures de leurs héros André Marceau et Etienne de Tournemire, Philippe Pinard et Olivier Dauger poursuivent l'évocation d'épisodes douloureux et méconnus du grand public de l'histoire de l'armée de l'air française. Le théâtre des combats s'est déplacé pour les pilotes de Vichy, mis à la disposition des Allemands pour renforcer leur présence en Irak et préserver les champs pétrollifères de l'avancée anglaise.

Mais dans le camp adverse, ils retrouvent d'anciens camarades aux commandes d'avions souvent supérieurs aux appareils français. La rivalité entre frères ennemis de Marceau et de Tournemire est poussée à son comble. Pourtant, l'armistice signée, c'est en France et dans une école de l'air que l'on retrouve Etienne, "pilotant un bureau" comme il le déplore.

À nouveau, les auteurs s'attellent à un minutieux travail de reconstitution de ces moments troubles. Philippe Pinard parvient à éviter toute lourdeur en offrant pourtant suffisamment d'informations quant au contexte politique et militaire de l'époque, et la série conserve, de ce point de vue tout son intérêt. Même constat pour l'aventure aérienne, fort joliment restituée par Olivier Dauger. Ses avions et scènes de combats aériens valent vraiment le coup d'oeil, bien mis en valeur par sa colorisation lumineuse. Seuls ses personnages semblent parfois encore un peu raides. Par contre on regrettera, comme dans le tome 1, le traitement un rien caricatural d'une certaine aristocratie. La disgression "archéologique" et l'illusion des retrouvailles d'Etienne et Caroline tombe à plat et les quelques scènes parisiennes de fin d'album n'enrichissent pas vraiment le récit.

Hormis ces petites réserves, Ciel de Guerre conserve son intérêt et son originalité au sein de la collection Cockpit, et on en vient déjà à regretter que le prochain tome, Opération Torch vienne clôturer une série susceptible de plaire autant aux amateurs d'histoire que d'aviation.