Arale
Scénario : Tristan Roulot
Dessins : Denis Rodier
Couleurs : Bruno Tatti & Clémntine Guivarc'h
Dargaud
Immortel ?
Les années 1930, en Russie : et si l'histoire en s'était pas passée comme prévu ? La Révolution russe a échoué et la Première Guerre Mondiale se poursuit, permettant de construire de nouvelles machines. C'est dans ce contexte original que Raspoutine est devenu conseiller du Tsar. Suite à un attentat, ce dernier est plongé dans un coma profond. Raspoutine fait appel à un héros de guerre, Kyril, afin de transférer - à l'aide d'une étrange machine – l'esprit du militaire dans celui du Tsar, dans le but de réveiller le corps inerte du souverain et de sauver la Russie du chaos.
L'originalité est au rendez-vous avec cette audacieuse uchronie signée par un duo franco-québecois. Dès les premières pages, le lecteur est transporté dans un monde surprenant où le scénario de Tristan Roulot joue avec nos repères historiques pour mieux les détourner. Nicolas II, Raspoutine...et puis cette vieille femme et sa drôle d'Isba. Raspoutine lui-même la traite de sorcière, et il s'agit de Baba Yaga, figure du folklore russe. L'intrigue se met progressivement en place et on est irrésistiblement capté par l'aventure fantastique qui submerge Kyril et Saskia.
Le récit est riche en rebondissements et conjugue uchronie, fantastique et SF mâtinée de steampunk. Tristan Roulot parvient cependant à conserver la cohérence et la logique de cet univers tout au long des 64 pages de ce riche one-shot dont l'atmosphère ne cesse de s'assombrir. Arale repose aussi sur des personnages solides et, et on s'attache très rapidement à Kyril est Saskia, partagés entre leurs idéaux et une réalité qui les dépasse.
Denis Rodier, dont la carrière s'articule entre comics et BD franco-belge, donne corps à cette russie imaginée et au labyrinthe mental du dernier Tsar. On y progresse avec Kyril en traversant des décors étonnants et d'impressionnants champs de batailles. Le dessin réaliste, expressif et très dynamique sert idéalement le scénario et s'accorde à de jolies trouvailles du côté du découpage.
Arale, fantastique, sombre et spectaculaire, happe le lecteur de la première à la dernière case et démontre, s'il en est besoin, qu'il est encore possible d'innover et de surprendre dans une BD dite traditionnelle. Tristan Roulot et Denis Rodier nous offrent un one-shot épatant et un immanquable du moment !