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Le fils de l'ours, par Jean-Claude Servais (Aire Libre)

Le fils de l'ours

Scénario et dessins : Jean-Claude Servais
Couleurs : Guy Raives

Aire Libre

Le diable des Vosges


La légende de Sainte Richarde

Lorsque l'Empereur Charles III le Gros répudie sa femme Richarde en 880, elle retourne dans son Alsace natale suite à une vision. Là où une ourse gratte la terre pour enterrer son petit, elle devra construire une abbaye. Quelques années plus tard, l'abbaye d'Andlau sort de terre et sera liée à cet animal. En 1760, en plein coeur de la vallée de Munster, un village festoie sur le cadavre d'un ours qu'ils pensent être le dernier des Vosges. Le fils encore jeune du plus important fermier de la région ne laisse pas le coeur d'Eva et de Maria insensible. Ces jumelles le trouvent charmant. Le père du garçon lui interdit fermement de les côtoyer, vu leur réputation de sorcières. Mais les interdits sont faits pour être bravés... Lorsqu'un ours est aperçu dans la vallée, les chasseurs décident de traquer la bête. Mais Eva compte bien le voir avant, d'autant qu'elle connaît la légende d'Andlau et souhaite rencontrer cet animal pour de vrai.


Couverture de l' édition "luxe"

La légende de Sainte Richarde et Andlau, le conte de Jean de l'Ours dans les Pyrénées, la mort du dernier ours des Vosges sont autant d'éléments que Jean-Claude Servais associe dans Le fils de l'ours. L'auteur revient à ses fondamentaux : le légendaire issu du terroir et la richesse et l'amour de la nature qu'il transmet si bien à travers son dessin. Au départ des éléments précités, il re-crée une légende et le charme, quelque peu suranné, agit pour peu qu'on y soit sensible...

Les croyances et superstitions conduisent aux frontières du fantastique, et la fascination exercée sur les hommes par l'ours depuis la préhistoire (il fut même considéré comme le roi des animaux avant que l'Eglise n'impose le lion) vient renforcer le climat dans lequel Servais développe son récit. Pas de grands effets inutiles, pas beaucoup de suspense, mais une histoire plaisante, assez classique pour l'auteur et qui, assez curieusement, pourrait même constituer un complément à la récente réédition de L'almanach (Dupuis) initialement publié en 1988.

Graphiquement, comme de coutume, Jean-Claude Servais magnifie la nature et particulièrement les ours qui se trouvent au coeur du récit et en relient les divers composants temporels. Un intéressant dossier complète l'album. Il évoque la figure légendaire du plantigrade dans les Vosges mais nous permet également de découvrir la manière dont l'auteur utilise la photographie pour composer certaines cases et planches.

Avec Le fils de l'ours et après Le chalet bleu, on a le sentiment que Servais se fait plaisir, sentiment qui était davantage mitigé sur les (longs) Chemins de Compostelle. Et les admirateurs de l'auteur gaumais peuvent s'en réjouir...

 

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Pierre Burssens
13/11/2019