Wounded
Tome 1 : L'Ombre du Photographe
Scénario : Damien Marie
Dessins et couleurs : Loïc Malnati
Bamboo, collection Grand Angle
La fin d’une époque
Rarement sinon jamais, la collection Grand Angle ne propose un western. En même temps, ce nouveau diptyque n’est pas éloigné de la ligne éditoriale de Bamboo. Wounded évoque les dernières luttes indiennes contre les colons américains à la fin du 19e siècle. Le massacre amérindien de Wounded Knee est tristement célèbre. Wounded signifie aussi blessé. Comme à son habitude (Need, la Cuisine du Diable et prochainement Dieu), Damien Marie imagine donc une histoire qui présente la face sombre de l’humanité avec en prime un thriller cauchemardesque de tueur en séries.
Tout démarre par un surprenant pari dans un club huppé de New York. Face à des gentlemen arrogants, le détestable lieutenant Farshing de l’Armée américaine prétend débarrasser en six mois la racaille de Porcupine, une ville du Far-West – dans le Dakota - où règne la violence et où menacent encore des tribus indiennes. Ils décident que la preuve de l’éradication du crime sera apportée par les clichés d’Edwards, un jeune et fougueux photographe fraichement débarqué de Londres, qui vit une relation charnelle avec la mystérieuse et belle Elizabeth. Arrivé sur place, celui-ci s’aperçoit des méthodes expéditives, répressives, violentes et humiliantes du croisé de l’ordre et de la civilisation puritaine. Mais alors se produisent de nouveaux crimes abominables de jeunes femmes qui ressemblent à se méprendre aux agissements de Jack l'éventreur...
S’appuyant sur des faits réels, Damien Marie brosse un portrait guère reluisant de l’Amérique à l’aube du 20e siècle. Difficile de ne pas faire un parallèle avec l’ambiance actuelle sur la thématique de la civilisation et de la sécurité. S’attachant à la psychologie des personnages torturés et sombres, notamment Edwards pris par d’étranges cauchemars, il construit un scénario parfaitement orchestré qui devrait logiquement réserver des surprises à en juger la dernière planche de l’album. Loïc Malnati qui publie presqu'en même temps son épisode de Destins, la saga de Frank Giroud, utilise un style cinématographique, principalement en trois strips par planches, utilisant souvent des damiers de 9 cases. Son dessin réaliste est mis en relief par une mise en couleurs sobre et sombre et, malgré parfois des approximations, renforce l'ambiance lugubre du récit.
Âmes sensibles s’abstenir