Shahidas
Tome 1 : Le Fruit du mensonge
Scénario : Laurent Galandon
Dessins : Frédéric Volante
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Bamboo, collection Grand Angle
Les femmes martyres
Les auteurs de BD semblent s’intéresser à l’essor du terrorisme, en particulier islamique et féminin. Cet automne, trois albums évoquent le sujet : Léna et les trois femmes de Pierre Christin et André Juillard, le T6 de Lady S. de Jean Van Hamme et Philippe Aymond et le nouveau diptyque Shahidas de Laurent Galandon et Frédéric Volante. Le point commun ? Des récits d’aventures au cœur de l’action. Laurent Galandon tente de décortiquer méthodiquement ce mécanisme infernal tellement difficile à comprendre pour les habitants des pays victimes.
À la même heure, trois femmes se font exploser dans un bus à Londres, une boîte de nuit à New-York et un centre commercial à Jérusalem. En cause le Jihad islamique. Trois mois plus tard, au Caire, Mahmoud Sarraj, un inspecteur de police d’origine palestinienne commence une nouvelle enquête sur un crime d’apparence passionnelle. Très vite, l’homme blessé par la mort de sa femme dans un attentat quelques mois plus tôt va marcher sur la piste d’un réseau de femmes terroristes…
Comment expliquer le terrorisme féminin ? Un « moyen pour les femmes musulmanes d’affirmer leur égalité face aux hommes » comme le soutient le beau-père de Sarraj, lui-même auteur d’un livre controversé « avenir et terrorisme » ? Une manière de « défendre leur terre et leur religion » comme le suggère la mère de Sarraj ? Ou au contraire une façon de fuir une condition de femme soumise à qui ses parents imposent un mari comme la belle Wafa ? Autant d’hypothèses potentiellement additionnelles que soulève Laurent Galandon.
Le scénariste qui signe là son 4e album en 2009 brosse un portrait crédible d’un homme marqué par son histoire personnelle. En échappant au manichéisme et au didactisme, il construit une intrigue très riche, forte en rebondissements, qui plonge dans un univers infernal et violent. En situant principalement l’action en Egypte, il évite le piège du stéréotype de l’attentat contre l’Occident post 11 septembre 2001. Ce thriller rondement mené est mis en images par Frédéric Volante qui s’affirme comme un dessinateur réaliste particulièrement à l’aise dans l’expression des personnages. Sa première planche est particulièrement réussie.
Belle entrée en matière. Suite et fin en 2010 avec un épisode intitulé la 25e Note.