|
Le métier du personnage principal n'est-il pas un
élément clef de l'histoire ?
J.D. : Pas pour moi ! Le lecteur aura deviné que
Niklos Koda travaille pour un réseau parallèle de
renseignements. La définition de cette officine se fera
au travers des personnes qui la constitue : Aïcha Ferouz,
par exemple.
En apprenant le passé de Koda, nous en saurons plus sur
son métier actuel
|
La trame des deux premiers albums (A l'Arrière
des Berlines et Le Dieu des Chacals)
touche au fantastique
J.D. : Je suis un inconditionnel de la présence
fantastique. Elle est présente en chacun de nous! Certains
la vive et la sente mieux que d'autres
J'y crois énormément
!
Je souhaitais, dans ces deux albums, qu'il y ait une odeur de
jungle dans Paris. Les grands fauves devaient arpenter les boulevards
Le récit contient une notion, qui plait sans doute moins
au public : l'inexplicable. On ne peut pas tout expliquer. Tous
les destins contiennent une part de mystère, d'inexplicable.
Je pouvais être beaucoup plus cartésien quant au
sorcier, Bario Jésus. J'aurais pu inventer un affrontement
classique entre Koda et le sorcier, à la manière
d'un film de Sergio Leone. J'en ai d'ailleurs parlé à
Olivier Grenson. Mais nous avons préféré
la poésie de l'étrange, à savoir : une personne
qui vient vous donner un signe et qui part. Ce sont des notions
plus compliquées à gérer qu'une bande dessinée
classique
Inch Allah et la trame des deux prochains albums ne se prête
pas au fantastique
Mais si l'histoire s'y prête, nous
y reviendrons
D'où vient votre goût pour le fantastique
?
J.D. : Il est présent depuis mon enfance. La vie
n'est pas faite que de raisonnements. Il y a eu des choses, dans
ma propre vie, que je ne parviens pas à contrôler
ou à m'expliquer. Cela ne me dérange pas
Le
fantastique fait partie d'un autre monde, du rêve !
Pardonnez-moi l'audace de cette question: mais le thème
du vaudou n'est-ce pas une manière de vous rattraper d'une
histoire de Jessica Blandy qui a été
mal perçue, à l'époque
J.D. : C'est une bonne question ! Je tiens énormément
au cycle Satan Mon frère / Satan ma Déchirure.
Cette histoire a peut-être été mal perçue
par le public, mais semble être bien comprise par les producteurs
de cinéma
Tout comme un bon nombre de scénaristes, j'aime inclure
certaines marottes dans mes histoires : le passé, le fantastique,
les enfants, le pouvoir. Je pourrais écrire à nouveau
une histoire sur le thème du vaudou dans quelques années.
Tout simplement car certaines parties de ce thème m'échappent.
Un jour j'aurais donc un déclic pour travailler ce sujet
sous un autre angle
|
Chaque histoire se déroule dans un lieu différent
O.G. : Les lieux ont toujours beaucoup d'importance dans
les histoires de Jean. Les ambiances du récit dépendent
aussi de la ville choisie, des décors.
Pour les deux premiers albums, Jean souhaite confronter une ville
à une jungle. Nous avons choisi, d'un commun accord, Paris
Par contre, nous avons hésité entre Barcelone et
Marrakech pour Inch Allah. Finalement, nous avons opté
pour cette deuxième ville. J'y avais séjourné
et possédais déjà des photos de repérage.
Et puis, c'était une manière de sortir de la cité
urbaine de Paris par un côté plus oriental...
Olivier Grenson, une de vos grandes joies dans Niklos Koda,
n'est-il pas la présence de personnages féminins
?
O.G. : Il n'y a eu que deux personnages féminins
dans Carland Cross. Michel Oleffe avait dû mal à
introduire des femmes dans ses histoires. Cette série était
aussi ancrée dans les ambiances mélangeant Blake
& Mortimer et les livres de Jean Ray. Les femmes n'avaient
aucune place dans ces deux univers
Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble,
Jean avait remarqué, en regardant mes esquisses, qu'il
y avait beaucoup de potentiel à exploiter de ce côté-là
|
|