Millenium

Tome 2

Scénario : Sylvain Runberg d'après l'oeuvre de Stieg Larsson
Dessins : José Homs

Dupuis

Les hontes de la famille...

Après l'incursion de Caryl Ferey dans la BD avec Maori (Ankama), la très belle adaptation du Dahlia noir de James Ellroy (Casterman) et avant celle de La Princesse des glaces de Camilla Lackberg (Casterman), voici donc en BD le second volet du premier roman de la trilogie Millenium, Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes. Une adaptation présente forcément des limites, et ramener à deux albums de 68 pages un pavé qui en compte plus de 700 s'avère forcément un exercice délicat, plus encore peut-être quand il s'agit d'un phénomène d'édition qui a ouvert la voie à toute la vague des "polars nordiques".

Après l'installation de l'intrigue dans le premier album, on entre pleinement dans le vif du sujet avec celui-ci. Mikael Blomkvist rencontre enfin l'étonnante Lisbeth Salander et tous deux entament leur enquête commune. On perd certes en atmosphère, mais le scénario maîtrisé de Sylvain Runberg enchaîne les rebondissements et procure finalement à cette adaptation un rythme qui fait défaut au roman. De plus, comme l'auteur partage son temps entre la France et la Suède, les détails apportant une touche d'authenticité ne manquent pas, comme, dans les dialogues, ce tutoiement entre tous les personnages...

José Homs délivre ici un dessin moins "peint" que dans le superbe Angélus (réédité sous forme d'intégrale par Dupuis), mais affirme un style réellement personnel auquel des cadrages audacieux permettent de démontrer toute sa virtuosité. Une palette de couleurs appropriée renforce tout le côté malsain et cruel des circonstances ayant abouti à la disparition d'Harriet Vanger. Certaines scènes qui font frissonner dans le roman s'avèrent extrêmement impressionnantes une fois mises en images. Attention, âmes sensibles s'abstenir...

Le tome 1 de cette adaptation avait agréablement surpris, avec celui-ci on peut parler de réussite concernant le diptyque. Runberg met en lumière des pistes conduisant au deuxième, La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette dont le dessin a été confié à un autre dessinateur espagnol, Manolo Carrot dit Man (Le client, En sautant dans le vide...). Ce dernier aura fort à faire pour maintenir le niveau exposé ici.