Alors qu'il vient de publier le très ringard IAN
avec Ralph Meyer (on croirait lire un mauvais album
de William Vance époque Bob Morane), le jeune
Fabien Vehlmann accélère sa production.
A défaut de reprendre le scénario des aventures
de Spirou, il a récemment publié le troisième
tome, vraiment moins touchant que les deux premiers, de Samedi
et Dimanche (avec Gwen, Dargaud), et s'apprête
à sortir La nuit de l'Inca (avec Duchazeau,
Dargaud). Disons-le tout de suite, Le Marquis d'Anaon
est ce que Vehlmann fait de mieux. Héritier de l'univers
de Tim Burton, le jeune scénariste imagine les étranges
enquêtes de Jean-Baptiste Poulain. Dans une France rurale,
sous l'Ancien Régime, cet amateur de l'étrange
pourchasse le mal en cherchant à en comprendre les
ressorts.
Dans un petit village, isolé par la forêt et
par la neige qui ne cesse de tomber, les habitants ont de
quoi être terrorisés : plusieurs jeunes femmes
sont ignoblement immolées sur l'autel de l'oratoire
de la Vierge noire, primitive statue de bois sombre. On accuse
les gitans, mais le prêtre n'est pas pour autant exempt
de suspicions
Angoisse, lenteur et analyse psychologique caractérisent
ce récit qui trouve en Matthieu Bonhomme le
meilleur serviteur. Ce jeune dessinateur, lauréat de
l'Alph'Art du premier album pour L'âge de raison
(Carabas), est terriblement doué. Peut-être moins
touchant que L'île de Brac, premier volet de
cette série (l'effet de surprise n'est plus là),
ce second tome est une réussite. Découvrez-le,
il le mérite.
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