Fils du soleil
Scénario : Fabien Nury d'après Jack London
Dessins : Eric Henninot
Couleurs : Marie-Paule Alluard
Dargaud
Des perles et des requins
À bord de sa goélette, David Grief, surnommé Fils du soleil par les indigènes, voyage entre les îles Salomon où il a établi son négoce. Homme d'affaires impitoyable mais honnête, il n'exige que ce qu'on lui doit, quitte à risquer sa vie lorsqu'il réclame une dette impayée ! Une mystérieuse vente le conduit vers l'île de Hikihoho, où vit le vieux Parlay, roi autoproclamé d'une communauté́ indigène... C'est dans cet atoll du Pacifique que des hommes errant après des chimères, d'autres mûs par une folle cupidité, seront réunis, alors qu'un terrible ouragan approche.
Adaptation de nouvelles de Jack London, c'est à une grande aventure à l'ancienne placée sous le signe de l'exotisme que nous convie ce bel album de près de 80 pages. Fabien Nury nous offre les portraits de redoutables aventuriers, pourtant parfois paumés ou rongés par la maladie, qui jouent gros, y compris leur vie. S'invitant à l'étrange vente du vieux Parlay, David Grief contraste avec cette faune pittoresque. En effet, l'homme, pourtant richissime, continue à courir l'aventure, mais ses motivations sont différentes.
Certes, Fils du soleil fut créé par Jack London, mais on pense inévitablement à Henry de Monfreid ou à Hugo Pratt en découvrant cette histoire et ses protagonistes, naviguant sur des eaux infestées de requins mais capables de se montrer aussi voraces que les squales. Le scénariste démontre encore une fois son savoir-faire en construisant une histoire riche, solide et dénuée d'éléments superflus. L'ensemble est extrêmement efficace et on s'embarque avec beaucoup de plaisir sur le Wonder et les flots tumultueux.
Eric Henninot revisite avec talent les classiques de la BD réaliste. Son trait "vancien" fait des merveilles dans ce contexte, fort bien soutenu par la colorisation de Marie-Paule Alluard. Il excelle tant dans des scènes intimistes que lors de spectaculaires épisodes maritimes.
Belle aventure et beau one-shot qui appelle à l'évasion et devrait séduire nombre d'amateurs de BD classique.