Sans pardon

Scénario : Yves H.
Dessins et couleurs : Hermann

Le Lombard, collection Signé

Retour au Wyoming

Des chasseurs de prime ont enfin retrouvé la trace de Buck Carter, le bandit le plus recherché du pays. Prêt à tout pour sauver sa peau, ce dernier va jusqu'à abandonner sa famille aux mains de ses poursuivants, aussi peu scrupuleux que lui. Dix ans plus tard, son fils Jeb est à son tour devenu un hors-la-loi recherché. Son père décide le sauver à tout prix du sort qui l'attend.

Impossible, en retrouvant Hermann dans un western, de ne pas penser à la série Comanche, scénarisée par Greg, et aux dix épisodes mis en images par le dessinateur entre 1972 et 1983 (avant un tiède redémarrage dessiné par Michel Rouge dans les années 90). De plus, l'action de Sans pardon se déroule au Wyoming, terre du ranch triple-six, et même si Yves H. nous livre des précisions historiques et géographiques au sujet à cet État dans la postface de l'album, c'est avec plaisir et un brin de nostalgie que l'on se retrouve sur des pistes qui auraient pu être parcourues par Red Dust.

Du côté du récit, la comparaison s'arrête là. En effet, Sans pardon justifie pleinement son titre, et c'est à une double traque, particulièrement âpre et violente, que le lecteur assiste. Il n'y a pas de héros à cet album. Peut-être le destin de Jeb suscite-t-il juste un peu de compassion, mais entre chasseurs de primes, oulaws et représentants de la loi, les méthodes ne diffèrent guère, et les armes et la violence restent le premier moyen d'expression. Une voie pourtant sans issue, comme l'illustre la dernière séquence de l'histoire.

Graphiquement, on sent qu'Hermann se régale de ces grands espaces et de ce qui s'y déroule. Là aussi, certaines trognes dont il a le secret évoquent inévitablement la bande des Loups du Wyoming ou d'autres personnages apparus dans Comanche. Mais le sanglier des Ardennes maîtrise aujourd'hui parfaitement la couleur directe, et nous en offre une éclatante démonstration, au service de ses personnages, de leurs montures et de décors grandioses écrasés de soleil.

La belle collection Signé s'enrichit là d'un grand western et d'un des meilleurs albums d'Hermann, avec pour seule réserve sa violence omniprésente.