Ulysse 1781
Tome 1 : Le Cyclope 1/2
Scénario : Xavier Dorison
Dessins : Eric Herenguel
Couleurs : Sébastien Lamirand
Delcourt, collection Conquistador
Dans une autre Amérique...
1781, Yorktown. La guerre d'indépendance américaine touche à sa fin. Victorieux, le fier capitaine Ulysse Mc Hendricks s'apprête à rentrer chez lui avec son fils Mack et ses hommes. Mais le retour se précipite lorsqu'il apprend que sa ville, New Itakee, est envahie par une compagnie d'infanterie anglaise. Sa femme, Penn, a été prise en otage... Ça vous rappelle quelque chose ? Évidemment !
Médée (Castermen), Les Prométhéens (Le Lombard), Ulysse 1781 (Delcourt)... Il est étonnant de constater combien la mythologie reste une importante source d'inspiration pour nombre d'auteurs, comme en témoignent ces récentes parution. Étonnant aussi comment ses personnages et épisodes célèbres peuvent se décliner, s'interpréter, et se retrouver en des temps ou des lieux où on ne les aurait pas attendus.
Ainsi, Ulysse 1781, nouveau projet de Xavier Dorison et Éric Herenguel, transpose L'Odyssée d'Homère à la fin de la guerre d'indépendance américaine. La série sera articulée en une suite de récits en un ou deux tomes, et c'est avec l'épisode du célèbre cyclope que débute cette épopée. Comme pour Les Prométhéens, l'aventure pouvait paraître hasardeuse, mais le savoir-faire scénaristique de Xavier Dorison n'est plus à démontrer et il parvient à nous entraîner aisément dans ce voyage semé d'embûches, dans une Amérique baignée de fantastique. Son personnage principal possède l'envergure du héros mythologique et si le riche scénario entremèle plusieurs intrigues, le souffle de l'épopée dynamise à souhait ce cocktail étonnant.
Le dessin d'Éric Herenguel offre à l'aventure une mise en images à très grand spectacle. À chaque nouveau projet, on a la sensation que le trait du Lillois, aussi à l'aise dans le registre réaliste que dans l'humoristique, évolue. Ceci se vérifie une fois de plus dans ces pages. À travers un découpage spectaculaire et dynamique, le dessinateur combine efficacité, nombreux détails, trognes mémorables... le tout mis au service, notamment, de quelques scènes d'anthologie. Nul doute, par exemple, que la folle séquence du sauvetage - in extremis - de l'Acheron, au bord du gouffre, marquera la mémoire de plus d'un lecteur ! Herenguel retrouve, indirectement, une Amérique fantastique qui rappelle à nos bons souvenirs son diptyque Lune d'argent sur Providence, mais que de chemin parcouru depuis !
Les mythes sont intemporels, Ulysse en fait assurément partie, et le redécouvrir sous cette forme participe, si c'était nécessaire, à le revivifier encore !